Cet article analyse un moment de transfert culturel, à partir du modèle comptable adopté dans les fermes générales françaises, d’une science administrative en pleine mutation. Benoît-Marie Dupuy, après avoir servi le roi de France dans la régie des pays conquis dans les années 1740, passe au service des Habsbourg et met en œuvre à Bruxelles, dans les années 1750, une réforme comptable d’autant plus intéressante qu’elle adopte les principes inspirés de la comptabilité marchande. Ce faisant, il se heurte aux usages alors en vigueur dans les Pays-Bas autrichiens. Paradoxalement, les apports de Dupuy seront surpassés par les méthodes plus avancées de la comptabilité camérale que Joseph II imposera quelque trente ans plus tard.
This article analyzes a moment of cultural transfer of an administrative and evolutive science, from the accounting model adopted in the French general farms. Benoît-Marie Dupuy, having served king of France in the 1740s, crosses in the service of Habsbourg and operates in Brussels, in the 1750s, an accounting all the more interesting reform as it adopts the principles inspired by the marchants. Making it, it collides with the manners then current in the Austrian Netherlands. Paradoxically, the contributions of Dupuy will be surpassed by the more advanced methods of the cameral accounting which Joseph II will impose some thirty years later.