L a thématique du développement, c'est-à-dire le fait d'offrir aux populations des ressources diversifiées, un cadre de vie meilleur et des opportunités accrues, fait partie intrinsèque des organisations spatiales et des dynamiques territoriales, de l'aménagement du territoire. Cependant, ce terme revêt des acceptions diverses voire antagonistes, tour à tour processus évolutif vers un point d'arrivée considéré comme but ultime d'un mouvement universaliste vers le progrès, valorisation des spécificités locales et d'une démarche collective et endogène respectueuse du construit social et identitaire ou, plus radicalement, processus de transformation à l'intérieur d'un système dont les composantes structurelles sont absolument interdépendantes et lient les deux polarités « développement/sous-développement » dans la reproduction des rapports de domination. En parallèle, face au blocage théorique de ces approches généralistes, a émergé à la faveur d'une profonde mutation socio-économique et de la crise de « l'État-providence », une notion nouvelle, celle du développement local, parée de toutes les vertus d'innovation et de créativité. Issu, à la fin des années 1960, d'un mouvement au départ spontané, le terme a été repris et approprié officiellement dans les années 1980 par le pouvoir institutionnel. Depuis, les déclarations n'ont cessé de se multiplier entraînant une véritable inflation de publications et une opacité épistémologique au point de se demander s'il s'agit d'un phénomène de mode ou d'un véritable modèle.