摘要:La nuit est longtemps restée un espace-temps peu investi par l'activité humaine, un temps d’arrêt, une « frontière » – au sens américain et colonialiste du terme de « front pionnier », c’est-à-dire « la limite atteinte par la mise en valeur, l’avancée des colons qui viennent établir une colonie sur des terres jusque-là vides ou peu peuplées » (Brunet, 1992), un front où l’on affronte non les voisins, mais l’inconnu, un territoire à explorer. Mais les temps ont changé. Depuis une vingtaine d’années, on assiste à une colonisation progressive de la nuit par les activités humaines. Ces mouvements d’expansion au-delà de la limite du jour (Gwiazdzinski, 2003 ; Crary, 2013), cette « nocturnalisation » de la société (Koslowski, 2011) et cette « diurnisation » de la nuit, sont désormais bien étudiés en milieu urbain au point de pouvoir parler d’émergence des « Night studies » (Straw, 2017). Ces évolutions sont moins documentées hors des villes et particulièrement en montagne, un territoire exploré, exploité et régulièrement « ré-inventé » (Sgard, 2001). Au-delà des clichés, la montagne et la nuit sont désormais observés et étudiés séparément comme des territoires d’innovation (Attali, Granet Bisset, Dalmasso, 2014 ; Gwiazdzinski, 2015).