L'ecriture proustienne: pourrait-on appeler proust un ecrivain de "stream(s) of consciousness"?
Hong, Teng-yueh
L'ecriture proustienne : pourrait-on appeler Proust un ecrivain de << stream(s) of consciousness >> ?
Quand nous naviguons sur les sites d'Internet pour rechercher la definition de << stream of consciousness >> en chinois, nous voyons tout de suite le nom de Marcel Proust (1) accole a l'expression chinoise du terme << yi-shi-liu >>, de telle sorte que cela risque de devenir un cliche concernant l'image de Proust, meme le titre de Maestro du genre lui est accorde, en compagnie de Virginia Woolf (2), James Joyce (3) et William Faulkner (4). Intriguee par cette appellation dans le milieu litteraire chinois, nous nous sommes propose un temps de reflexion sur l'ecriture proustienne.
I. La definition du terme anglais << stream(s) of consciouness >>
Quelques dictionnaires anglais nous donnent la definition du terme en precisant que << stream of consciousness >> ou << streams of consciouness >> mis au pluriel se veut une << technique litteraire qui vise a presenter les pensees et les sentiments d'un protagoniste au moment ou ils surviennent (5) >>. En tant que terme de critique litteraire, il s'agit d' << une technique litteraire visant la revelation du courant de pensees et de sentiments d'un personnage a travers un long passage de monologisme (6) >>. Cela pourrait designer egalement << un genre litteraire dans lequel les pensees et les sentiments d'un protagoniste se revelent, et se developpent a travers un long recit monolodique, souvent ecrit en prose, differencie nettement des vers de la poesie (7). >> et << ostensiblement non edite, pris sur une vive spontaneite, comme dans les representations d' un film, d'une musique, et des monologues comiques au theatre, visant a recreer l'experience crue d'un protagoniste ou d'un acteur en scene (8) >>, ainsi nous le precise une page de Wikipedia, affirmant qu'il s'agit d'une technique narrative litteraire, cinematique, theatrale ou lyrique. II.
II. Pour une reconnaissance de l'ecriture proustienne
Le narratologue Gerard Genette ayant fonde une << rhetorique restreinte >> en s'appuyant sur l'ceuvre de Marcel Proust, son << Discours du recit, essai de methode >> dans les Figures III a fait le corps principal de sa theorie sur la narratologie. Aussi ne manquons-nous pas de lire depuis les Figures I jusqu'aux Figures IV d'autres essais sur la Recherche, articles d'ampleur reduite, certes, et pourtant significatifs pour completer les pensees genettiennes sur l'ensemble de l'ecriture de la Recherche. A l'aide de quelques articles parus sur une etendue de trente-trois annees, nous souhaiterions en extraire quelques notions-cles avec l'intention d'y faire une reconnaissance de l'ecriture proustienne. Selon l'ordre chronologique de la parution dans les Figures, nous avons fixe notre choix d'articles sur : 1) << Proust palimpseste >> (1966) 2) << Proust et le langage indirect >> (1969) 3) << Metonymie chez Proust >> (1972) et 4) << Combray-Venise-Combray >> (1999). Quant a l'etude des pastiches, genre d'ecriture ayant un lien profond avec la creation de l'ensemble de la Recherche, nous nous appuierons specifiquement sur les travaux de Jean Milly, qui a presente une edition astucieuse sur << L'Affaire Lemoine >>, laquelle demontre assez bien l'aspect parodique et humoristique de Marcel Proust.
II-1. Acceder a l' << essence >> des choses
Dans << Proust palimpseste >>, Gerard Genette souleve d'ores et deja une question a etudier, la plus difficile selon lui, c'est le style metaphorique de Proust. Selon Proust, << seule la metaphore peut donner au style une sorte d'eternite (9) >>, ce procede stylistique etant capable de depasser les apparences de deux objets ou sensations differentes, pour acceder a l' << essence >> des choses, en les soustrayant aux contingences du temps. Le monde des essences, le seul milieu ou le << moi proustien >> puisse en jouir, c'est son veritable Paradis Perdu, c'est aussi l'objet de sa quete vers lequel la Recherche s'est orientee.
Attache a la contemplation de l'essence des choses, Proust trouve que pour la fixer, le seul moyen est d'en faire une ceuvre d'art. Le seul moyen de restituer la vision des essences, c'est de degager l'essence commune des deux sensations par le miracle d'une analogie : c'est l'avantage que prend la metaphore sur la reminiscence, celle-ci provoque une contemplation fugitive de l'eternite, celle-la jouit de la perennite de l'ceuvre d'art (10). L'essence des choses que Proust s'approprie avec ardeur, ce n'est pas une abstraction, mais une matiere profonde, une substance. Deux degres d'ideal a atteindre donc dans le procede metaphorique--saisir d'abord le << miracle >> du style substantiel, puis celui de l'analogie. Etre a la fois ce que l'on est et autre chose ... Le passage de l'ontologique a l'analogique, du style substantiel au style metaphorique, toujours dans une conscience des difficultes, se trouvant tour a tour dans de nouvelles conditions de l'accomplissement de l'ideal.
II-2. De la resistance a l'assimilation
Pourquoi le style metaphorique representerait-t-il des difficultes ? C'est qu'il s'agit d'un rapport a etablir entre deux objets, d'ou une tentative d'assimilation impliquant necessairement une resistance a cette assimilation : ceci fait que l'essence a saisir est toujours du cote refractaire des choses. Proust ayant demontre par la Recherche des modeles metaphoriques, nous y lisons des procedes differents releves par Genette :
II-2-a. Le Vernis des Maitres
Premierement, il s'agit de recourir a des matieres, des substances dans lesquelles il verra une consistance par laquelle les choses ne << s'oublient pas, ni ne se dessechent ou s'etiolent >>. La magie des Noms permettra alors au jeune narrateur de creer un style-substance, restituant l'unite materielle des choses, jusqu'a ce qu'il y ait << une espece de fondu, d'unite transparente, (...) sans un seul mot qui reste en dehors, qui soit reste refractaire a cette assimilation (...). Je suppose, dit le jeune narrateur, que c'est ce qu'on appelle le Vernis des Maitres (11). >> Ce vernis, ne d'une profondeur diaphane, d'une phrase a qui le narrateur a su donner un poids, une epaisseur ou puisse resider cette << essence cachee >>, enfouie dans la pate transparente du texte, c'est au narrateur d'y elaborer afin d'eterniser la verite. Faire en sorte que chez Proust, comme chez Flaubert, la litterature soit l'equivalent des grandes reussites de la nature morte picturale, ceuvre d'art dont on ne trouve pas << une seule belle metaphore (12) >>, le style substantiel joint au style de l'analogie, voila l'ideal du beau style selon Proust. C'est le passage de Chardin a Rembrandt, ou de Chardin a Elstir dans la Recherche, c'est aussi le passage de Flaubert a Proust lui-meme. Passage par le relais de la reminiscence ou de l'imagination pour jouir du bonheur et de la beaute. Exemple du type : Combray compare a Venise dont l'essence se revele par son opposition a l'interieur meme de la ressemblance. Venise, dans la page de la Fugitive, est un autre Combray, mais c'est surtout un Combray autre : aquatique, precieux, exotique, et c'est cette difference qui lui est essentielle. Le rapport Combray-Venise s'est opere avec l'effacement des distances temporelles, cela ayant un rapport avec le phenomene de la reminiscence.
II-2-b. La transsubstantiation et la vision indirecte :
Puis, il s'agit de donner des effets de transsubstantiation par des transpositions spatiales, a l'aide d'une sorte de metamorphose des choses: l'opera transforme en crypte sous-marine lors de la soiree de la princesse de Parme, la mer devenue paysage montagnard au reveil de la premiere journee a Balbec, avec une comparaison implicite et developpee, << tacitement et inlassablement repetee >>, le paysage de reference n'etant jamais directement nomme, mais constamment suggere par un vocabulaire dont la valeur allusive est evidente. Mirage, perspectives trompeuses, reflets plus solides que les objets refletes, toute une esthetique du paradoxe se construit pour repondre a la vision proprement proustienne, ou le narrateur a ete fortement fascine par l'effet de << transverberation >> ou << transvertebration >>, la realite marquee par la vision indirecte. Ne connaitre la beaute d'une chose que dans une autre, perception indirecte, necessairement mutilee d'ou l'impossiblite de discerner si cette beaute resulte d'une evanescence facheuse (le reel perdu) ou d'une benefique reduction a l'essentiel (le reel retrouve) : Combray transpose dans un bruit de cloches, Doncieres filtre par les hoquets du calorifere, etc. Quelque chose de gagne dans quelque chose de perdu. Toujours de la vision indirecte, parce qu'il s'agit de voir la realite en plusieurs couches differentes, la voir en plusieurs substances interchangeables, ou la voir aussi en profondeur avec le regard d'un radiographe, sans s'arreter a la surface, percevant alors des images brouillees, un palimpseste parfois illisible, presque toujours equivoque.
Qu'il s'agisse de la reminiscence ou de l'imagination, la vision proustienne est marquee par un palimpseste du temps et de l'espace, lui donnant << des vues discordantes sans cesse contrariees et sans cesse rapprochees par un mouvement de dissociation douloureuse et de synthese impossible (13) >>, ainsi nous l'affirme Genette. L'ecriture proustienne est << la proie d'un renversement : partie pour degager des essences, elle en vient a constituer (...) des mirages (14) >>, de meme, << elle aboutit a un effet de surimpression fantasmagorique ou les profondeurs s'annulent l'une par l'autre, ou les substances s'entre-devorent (15) >>. Pour atteindre un haut niveau de realisme, << elle decouvre au contraire un plan de reel ou celui-ci, a force de plenitude, s'aneantit de lui-meme. (16) >>
Des paysages << versatiles >>, une vision << deconcertee >>, des personnages successivement parus dans differents etats de societe, tous emportes par une irresistible force d'erosion, cependant elabores dans chaque detail ou chaque fragment a la maniere d'un Balzac ou d'un La Bruyere. La vision de Proust est plus moderne que sa theorie, l'ensemble de son ceuvre est plus proustien que chacun de ses details. Ainsi a ete faite la toute premiere conclusion par Genette sur l'ecriture proustienne.
II-3. Les personnages en perpetuel dementi
Pour ses personnages, inevitablement proteiformes, une surcharge d'ecriture, une abondance excessive textuelle les amenent progressivement a l'enlisement, a la disparition des visages precedents, engloutis par le temps. Artisan des metamorphoses humaines, le narrateur les suit dans une succession de moments isoles, dans une pluralite accusee simultanement: tous simulent et dissimulent, se pretant un jour ou l'autre aux plus spectaculaires revelations. Ce sont les composantes du kaleidoscope social, selon le terme propre a Proust, c'est un monde ferme voue a une incessante permutation, un perpetuel dementi.
Arrive a ce stade d'analyse, Genette affirme que, chez Proust, quoiqu'une sorte d'obscure volonte negatrice semble opposer son ceuvre a la securite de la matiere romanesque, ce dernier n'est ni James Joyce ni meme Virginia Woolf, et sa technique du recit n'est en rien revolutionnaire.
Que dire davantage sur la divergence de points de vue entre le milieu litteraire chinois et Gerard Genette ? Peut-etre pourrions-nous continuer a nous interroger sur le dilemme entre la volonte negatrice chez Proust et la << securite de la matiere romanesque >> dans son ecriture realisee par la Recherche.
II-4. Des instants poetiques mis en recit
Dans << Proust palimpseste >>, Genette precise encore : La dimension temporelle chez Proust n'est point stable, ce qui devait etre chronologiquement anterieur pourrait lui etre psychologiquement posterieur, comme par exemple la fameuse petite madeleine ressuscitant l'image de Combray.
Si la dimension temporelle est repliee sur elle-meme, d'ou l'instabilite chronologique, le cadre spatial n'est guere stable non plus. Contrairement a des romans tels que nous les connaissons et dont les decors geographiques restent immobiles, les lieux chez Proust sont actifs, lies aux personnages et aux evenements, omnipresents meme, donnant ainsi l'impression d'un entrecroisement extraordinaire: exemple type, Mademoiselle de Saint-Loup faisant se rejoindre les deux cotes de chez Swann et de chez les Guermantes, au moyen d'un lien pertinent des existences qui avaient ete separees mais finement illustrees avec la plus grande complexite controversale avant Le Temps retrouve.
En se referant au point de vue de Maurice Blanchot, Genette constate qu'en fait, le projet initial de Proust avait du etre celui d'ecrire les instants privilegies de la reminiscence dans un roman compose << d'instants poetiques >>, mais petit a petit, le narrateur s'est eloigne de son projet initial en derivant vers un ensemble de la poetique romanesque. Mais ce faisant, l'ceuvre se replie sur elle-meme, entrant dans une << densite mouvante du temps spherique >>. D'ou le paradoxe de la Recherche : c'est l'ceuvre et en meme temps l'approche de l'ceuvre ; c'est l'ceuvre d'une naissance de la vocation, et en meme temps l'exercice de cette vocation. Et ce phenomene de doublure scripturale s'est manifeste a chaque moment de la narration. De telle sorte que Blanchot mentionne qu'il existe dans l'ecriture proustienne une vertigineuse rotation : le recit fait amenant le recit faisant.
Si nous faisons intervenir l'intertextualite proustienne a propos de cette rotation en spirale, le fait du palimseste devient encore plus vertigineux. Les sources et les modeles preexistants etaient d'une telle complexite qu'il est presque impossible de sonder tous les processus des transformations, qu'il s'agisse des personnages, des lieux ou des themes evoques. Croitre sans cesse, ne jamais s'achever, cela est devenu la loi profonde meme de la Recherche dont l'interruption brutale s'est produite seulement le 18 novembre 1922. S'il y a devoration, enlisement, voire destruction, c'est au niveau metaphorique du terme, et seulement dans ce sens-la, quand prevaut le recit faisant sur le recit fait, lequel est d'une inextricable totalite. Ainsi s'acheve l'analyse genettienne sur Proust palimseste.
II-5. L'ecriture proustienne en tant que matiere romanesque
L'analyse de Genette sur le style metaphorique de Proust presente dans << Proust palimpseste >> ne s'y arrete point. Il continuera a ecrire sur ce probleme, comme s'il n'avait pas tout aborde sur la question du style metaphorique particulier a Proust. Six ans apres la publication de Figures I, Genette elabore un autre article intitule << Metonymie chez Proust >>, article precedant le fameux << Discours du recit >> des Figures III. Sur la question de la metaphore deja richement elaboree dans Figures I telle que nous venons de la resumer, Genette a voulu preciser encore certaines recurrences sur le probleme, en commencant par remercier Stephen Ullmann d'avoir releve des transpositions metonymiques, si importantes a cote des procedes metaphoriques proustiens. Plusieurs procedes stylistiques ont ete mentionnes progressivement par Genette :
II-5-a. La metonymie dans la metaphore
a) Tout d'abord, il souligne le fait de la contiguite de deux sensations, sur leur coexistence dans le meme contexte mental (17), a commencer par des hypallages (18). Exemple du << tintement ovale et dore >> de la clochette du jardin combraysien ou il y a un transfert de la cause a l'effet et ou la metaphore et la metonymie se soutiennent et s'interpenetrent. C'est le transfert reussi d'une experience par synesthesie. Une sorte de << coexistence >> a l'interieur meme du rapport d'analogie : le role de la metonymie dans la metaphore (19).
II-5-b. La metaphore diegetique
b) Puis, par l'imagination metaphorique, << des foyers d'irradiation esthetique >> se construisent : les deux clochers de l'eglise de Saint-Andre-des-Champs devenus deux epis, tandis que l'eglise elle-meme, situee au milieu des bles, est devenue la meule. Saint-Andre-des-Champs etant assimilee a son << environnement >> rustique, facilite le rapprochement qui se realise entre eux, par l'homologie et par le contraste egalement, de telle maniere que le narrateur, dans son imagination metaphorique, voit un topos du clocher-cameleon, represente selon l'environnement dans lequel apparaissent les clochers. Il y a donc un clocher-epi a Saint-Andre-des Champs, un clocher-poisson a Balbec, un clocher-brioche a Combray, etc. L'etat mixte de ressemblance et de proximite entre l'objet adule et son environnement ainsi fait, le principe de manifester le plaisir du spectacle se maintient dans une relation harmonique, propice a faire naitre des metaphores a fondement metonymique, appelees << metaphores diegetiques (20) >>, selon le terme de Genette. Ces metaphores diegetiques favorisent par elles-memes la possibilite de mettre en abyme double ou triple les experiences vecues. Alors, par simple concomitance, des foyers d'irradiation esthethique se renvoient des eclats, comme par exemple Oriane de Guermantes liee a son paysage ancestral, ou Odette Swann transportant avec elle l'euphorie d'un espace continuellement lie a elle, symbole par excellence de beaute feminine.
II-5-c. La metaphore en alliteration perpetuelle
c) Selon l'esthetique des impressionnistes, l'expression artistique a la maniere d'Elstir favorise d'autant mieux la naissance miraculeuse du style metaphorique. C'est tout un reseau continu d'analogies, ou le paysage << reel >> comme dans sa representation picturale, s'efforce de << supprimer toutes demarcation >>. Paysage amphibie peint par le narrateur du port de Carquethuit, mer devenue << rurale >>, sillages des bateaux de peche devenus << poussiereux >>, barques moissonnant la surface << boueuse >> de l'ocean, etc. L'enlevement de la demarcation entre le liquide et le solide, c'est la projection du rapport analogique sur la relation de contiguite. C'est aussi entrer dans l'evocation du contenant solide devenu contenu liquide, a la maniere des carafes plongees dans la Vivonne, pour montrer que le verre et l'eau participent a une << metaphore reciproque >>, et fonctionnent par << alliteration perpetuelle >>. C'est une des preferences marquees chez Proust pour les metaphores ou comparaisons suivies.
II-6. La metaphore et la memoire involontaire
Metaphore diegetique, metaphore suivie, ou metaphore reciproque, ce sont en fait des procedes stylistiques dont la demarche se manifeste a la difference de la memoire involontaire, experience saisie par un sentiment de << plaisir >>, de << felicite >> qui apparait d'abord << sans la notion de sa cause (21) >>. Pour preciser davantage sur la caracteristique metaphorique de la fameuse << memoire involontaire >>, Genette releve deux remarques a propos de la plus celebre experience de la << gouttelette >> initiale qui, a travers la memoire dite << invonlontaire >>, fait naitre << l'edifice du souvenir >> combraysien. C'est en fait une collusion tres frequente chez Proust entre la relation metaphorique et la relation metonymique, situation amenant a deux remarques :
Premiere remarque : dans le procede metaphorique, c'est le motif du << fondu >>, de l'homogene qui fait la beaute absolue, du Vernis de Maitres. Cela releve de la dimension poetique, ou l'ecriture proustienne est comme la tentative la plus extreme conduite en direction d'un etat mixte : la dimension proprement prosaique du discours vient rencontrer la dimension poetique, creant de ce fait le Texte que l'on pourra nommer << poeme en prose >> ou << prose poetique >>.
Deuxieme remarque : malgre le fait du texte a forte dimension poetique, le dessein de Proust n'a peut-etre jamais ete d'ecrire un livre fait d'une collection d'extase poetique, selon le point de vue de Maurice Blanchot. Le fait que le passe est << ressuscite >> par une rencontre de sensation n'est pas aussi << ponctuel >> que cette rencontre elle-meme. Si une seule et infime reminiscence suffit pour declencher un mouvement d'anamnese d'une amplitude incommensurable, c'est justement grace a l'irradiation metonymique dont elle s'accompagne (22). Et c'est la, tres precisement, ce qui se passe dans la Recherche du temps perdu (23).
En citant le point de vue de Blanchot, Genette ne pouvait etre plus clair pour recuser << la memoire involontaire >> comme un phenomene mnemonique et subconscient susceptible de conduire a elle seule toute la narration en progression, jusqu'a ce qu'un edifice soit rebati dans la vision d'un passe memoriable.
La memoire involontaire sans metaphore, pas de veritables souvenirs ; elle seule sans metonymie, pas d'enchainements de souvenirs, pas d'histoire, pas de roman. C'est la metaphore qui retrouve le Temps perdu, mais c'est la metonymie qui le ranime, et le remet en marche. Si la << gouttelette >> initiale de la memoire involontaire est bien de l'ordre de la metaphore, l'<< edifice du souvenir >> est entierement metonymique. Et il y a tout autant de << miracle >> dans la seconde forme d'association que dans la premiere. Le premier miracle donne l'ceuvre d'art, le deuxieme donne le recit de la Recherche. Voici la these de Genette de nouveau affirmee, s'appuyant sur le point de vue de Maurice Blanchot.
Toujours axe sur la question de la metaphore, Genette continue a s'expliquer par un nouvel article intitule << Combray-Venise-Combray >>, paru dans les Figures IV dans lequel le narratologue reconnu a encore voulu preciser des points autour de la question du style metaphorique chez Proust.
II-7. L'ecriture proustienne et la vision de la Recherche
Proust est avant tout esthete: << Ce sont des ceuvres d'art, les choses magnifiques, qui sont chargees de nous donner les impressions familieres de la vie >>, dit le narrateur de la Recherche. La relation la plus pertinente est illustree par l'appreciation que porte le narrateur sur le peintre de La Rai et celui des Noces de Cana. Dans la Recherche, precise Genette, un aspect de l'esthetique proustienne trouve sa premiere figure dans l'eglise Saint-Hilaire de Combray, dont le trait essentiel tient dans son caractere << familier >> illustre par une paronomase disjointe << mitoyenne >> et << citoyenne >>. Edifice religieux de la bourgade campagnarde, il lui est spatialement et socialement solidaire, son clocher est surtout charge d'une esthetique de simplicite, de naturel, et de distinction, que la grand-mere du narrateur a hate de presenter, trouvant que le clocher de Saint-Hilaire, s'il jouait du piano, il ne jouerait pas sec. Le naturel etant la qualite que sa grand-mere avait preferee a toutes, dans cet eloge, dans la valorisation du << beau naturel >> d'un clocher campagnard, qualite attribuable a tous les genies artistiques, Genette trouve qu'il y a un echo de l'esthetique kantienne, partagee visiblement par Proust, laquelle consiste a apprecier les choses ayant le gout de ce qu'elles sont.
Le merite de proximite et de familiarite evoque par le clocher de Saint-Hilaire, theme << eternise >> par Proust, va conduire le narrateur a valoriser par des relations de complicite metonymique le chaleureux contact entre un edifice et son environnement naturel et humain, quitte a refuser categoriquement << toute entreprise susceptible de l'arracher a son site geographique, de la priver de sa fonction d'origine, ou d'effacer les marques de son age historique (24). >> Le vieil edifice de Saint-Hilaire devient << l'Eglise >> par excellence et il faudrait le garder en tant que tel.
Le theme a d'ailleurs amene Gerard Genette a exposer trois eventualites menacantes auxquelles Proust se serait oppose, a savoir les musees imaginaires a creer, les eglises assassinees et les eglises excessivement restaurees. Ces trois gradations, ou plutot trois oppositions avaient ete optees par le narrateur proustien. Pour conduire les idees proustiennes au sujet de sa vision esthetique, en s'appuyant sur plusieurs articles precedemment publies, Genette conclut que Proust pratique une gradation depuis l'appreciation des objets quoditiennement simples et beaux jusqu'a ceux tenus pour precieux. Une triple etape l'amene depuis Chardin a Rembrandt, puis de Rembrandt a Gustave Moreau, et finalement depuis Gustave Moreau jusqu'a Veronese. Exemple type : La Raie de Chardin, Le Bon Samaritain de Rembrandt, l'amour des bijoux et des belles etoffes chez Gustave Moreau, et enfin Les Noces de Cana de Veronese. De la beaute la plus simple d'un objet que l'on trouve dans la cuisine, jusqu'a la scene la plus luxuriante des noces ; rien n'est exempt de beaute propre a soi. Cette dialectique de l'humble et du luxuriant invite le narrateur a savourer une oeuvre d'art depuis le degre le plus naif jusqu'au niveau le plus opulent qui soit. Alors, ce parcours esthetiquement valable va conduire le narrateur proustien a faire le lien entre Combray et Venise, ou metaphoriquement, deux lieux de bonheur seront joints malgre l'opposition spatiale et temporelle des deux edifices religieux visites. Leur lien se trouve dans l'appreciation d'une grand-mere qui pourrait trouver belles Combray et Venise, deux villes remplies de familiarite naturelle.
III. La question des pastiches
Jean Milly, auteur d'une edition genetique et critique de << L'Affaire Lemoine >>, a voulu demontre chez Proust ses particularites stylistiques a travers des textes faits << a la maniere de ... >> Honore de Balzac, Emile Faguet, Jules Michelet, Edmond et Jules de Goncourt, Gustave Flaubert, Charles-Augustin Sainte-Beuve, Ernest Renan, Henri de Regnier, Louis de Rouvroy--le Duc de Saint-Simon. Ces neuf modeles de pastiche ont ete publies en 1919 par Proust dans Pastiches et Melanges. Et trois autres pastiches de << L'Affaire Lemoine >> faits a la maniere de John Ruskin, Maurice Maeterlinck, et Francois Rene de Chateaubriand restent inedits, nous precise Jean Milly.
La redaction des ces pastiches se situent entre fevrier 1908 et mars 1919 dont sept en 1908, deux autres composes respectivement en 1909 et 1919, periode dans laquelle a ete menee parallelement la redaction de la Recherche, celle-ci etant commencee en 1908 et terminee en 1922.
L'importance des pastiches liee au style perfectionniste de la Recherche realise par Marcel Proust n'est pas a negliger : l'ceuvre de Pastiches et Melanges comporte << quantite de brouillons, de redactions suivies manuscrites, de coupures corrigees de la premiere publication dans Le Figaro et d'epreuves d'imprimerie corrigees. (25) >>. Cette maniere de travailler se differencie nettement de celle pratiquee par les adeptes de << stream(s) of consciousness >>, si nous nous fions aux definitions donnees d'emblee a cette ecole moderniste, au sein de laquelle les notions de << vive spontaneite >>, de << grande fluidite >>, de << non edite >> priment.
La Recherche et les pastiches empruntent tous a l'analyse d'intertextualite, concernant texte, hypotexte et hypertexte, nous confirme encore Milly, ce qui le conduit legitimement a replacer l'etude des pastiches dans l'ensemble de la Recherche : a savoir quelle a ete la formation litteraire de Proust, les << lois >> generales de son ecriture, la place des choix dans la thematique et la structure generale de son grand roman. La critique de l'intertextualite s'affirme alors comme un fondement analytique enrichissant.
Cependant, la Recherche batie sur le mouvement d'anamnese etant percue sans grande difficulte par ses lecteurs, les aspects de la parodie et du pastiche emanant un flair subtilement proustien restent a redecouvrir. Il est a trouver chez notre ecrivain de la memoire involontaire, un narrateur teinte d'ironie et d'humour a travers son style parodique lorsqu'il contrefait les anciens auteurs et ses emules contemporains.
Proust est quelqu'un de drole. << Les Lettres a Reynaldo Hahn sont a cet egard tout a fait remarquables : elles forment une sorte de pastiche continu de tout ce qui interesse les deux amis, lectures, spectacles, personnages pittoresques ou ridicules de la societe parisienne (26) >>.
IV. La question du style langagier
Stream(s) of consciousness (le courant de conscience) en tant que terme de critique litteraire, releve d' << une technique litteraire visant la revelation du courant de pensees et de sentiments d'un personnage a travers un long passage de monologisme (27) >>. Cela pourrait designer egalement << un genre litteraire dans lequel les pensees et les sentiments d'un protagoniste se revelent, et se developpent a travers un long recit monolodique, souvent ecrit en prose, differencie nettement des vers de la poesie (28). >> Ce point pourrait egalement nous interesser parce qu'il touche au style langagier chez Proust.
A propos du style langagier proustien, Gerard Genette a developpe un long article intitule << Proust et le langage indirect >>, paru dans Figures II, en 1969, trois ans apres << Proust palimpseste >>. Si nous evoquons l'essentiel de ce nouvel article, il est clair que Genette nous invite a voir dans l'ecriture proustienne un excellent ecrivain de l'humour francais qui ne trouve que tres rarement d'emules sachant le mettre en valeur. Chez Proust, c'est une finesse d'esprit, une generosite humanitaire, une sagesse meme.
Il est vrai que dans la Recherche, nous lisons des pages impregnees de discours de pensees interieures proches au monologisme quand le narrateur evoque ses nuits d' insomnies, par exemple. Cependant le narrateur a la premiere personne se fait un plaisir de detenir un role d'observateur, quand il cherche a montrer toute la comedie des aristocrates a la maniere de Balzac ou de Saint-Simon. Pour donner une illustration du kaleidoscope social, le monologisme ne saurait suffire a lui-meme, puisque tous les personnages vises par le narrateur possedent chacun son langage type que le narrateur s'amuse a denoter. Et cela fait toute une gamme de jeux de langage inouis, comme Gerard Genette nous invite a les voir a travers ses analyses faites dans << Proust et le langage indirect >>. Citons un des exemple d'humour proustien que nous degustons a loisir : M. Legrandin dont le langage particulier ne fait que trahir son snobisme, vice incurable que le narrateur denigre de page en page a chaque fois qu'il le fait apparaitre dans la narration : tant le style metaphorique est important a voir dans le palimpseste proustien quand il s'agit de la recherche d'une << essence >>, tant le style metaphorique chez Legrandin est delirant dans son << faux palimseste >> propre a lui, trahissant son snobisme, revele a son insu. D'autres personnages a caractere humoristique foisonnent encore tout au long de la Recherche. Le narrateur proustien s'eloigne tres tot et tres distinctement de ce qu'on pourra appeler le monologisme du narrateur ou du personnage.
V. La question des affinites affectives
Comme ce que Genette avait affirme, nous savons que les maitres que Proust cite par lui-meme sont << Balzac, Dostoievsky, George Eliot, Dickens ou Hardy, auxquels viennent s'adjoindre quelques modeles qu'on pourrait appeler preromanesques : Sevigne, Saint-Simon dans l'ordre de la narration, Chateaubriand, Ruskin dans celui de la description, Ruskin encore et peut-etre Bergson pour la dissertation, sans compter l'apport de genres mineurs que Proust avait lui-meme pratiques dans ses debuts, comme ces chroniques mondaines du Figaro que l'on trouve presque toutes, et presque intactes, dans son ceuvre (29). >>
James Joyce avait rencontre Proust a Paris, c'etait deja en 1922, l'annee ou Proust allait mourir en novembre. Tadie nous apprend effectivment que Proust, souffrant de brulures d'estomac depuis trois semaines, etait sorti le 18 mai 1922 pour assister a l'Opera a la creation de Renard, ballet de Nijinska, et il s'etait rendu ensuite a la reception que donnaient les Schiff a l'hotel Majestic. Grace a cette invitation, Proust a eu l'occasion de rencontrer James Joyce. Les temoignages autour de leur conversation divergeaient, mais une chose etait certaine : << les deux plus grands romanciers du siecle ne se sont pas compris (30). >> D'ailleurs, << de cette brillante soiree, ni dans les lettres de Proust, ni dans son roman, rien ne subsiste : il l'a souvent dit, rencontrer ses pairs, ses confreres, des artistes, des intellectuels, lui est devenu indifferent (31). >> ainsi clot Tadie sur cette rencontre a propos de laquelle les gens se plaisent a broder.
En guise de conclusion: Pourrait-on appeler Proust un ecrivain de << stream(s) of consciousness >> ?
La memoire involontaire, terme fatalement lie au << courant de conscience >>, voire << du courant de subconscience >> dans le milieu litteraire chinois, a en fait su trouver chez Proust ses expressions dans le style metaphorique et metonymique, qu'il construit sans arret comme tout poete travaillant sur deux axes paradigmatique et syntagmatique tels qu'ils avaient ete explicites par Roman Jacobson, d'un point de vue non narratologique, mais linguistique, notion que Gerard Genette approuve.
Le style est << une question non de technique, mais de vision (32) >>, nous affirme clairement le narrateur proustien. En 1909, quand Marcel Proust annonce ceci a Madame Levi-Strauss, l'une de ses grandes amies : << Je viens de commencer, et de finir une ceuvre >>, son projet d'ecriture a ete definitivement trace depuis son point de depart jusqu'a son point d'arrivee. Quant a sa vision, comme Gerard Genette nous l'a demontree, c'est de voir << sa structure [qui] devore sa substance >>, cependant, l'ecriture proustienne reste traductrice de la verite, ou de l'eternite. Si nous suivons fidelement la these de Genette, nous saurons que le modernisme proustien s'est revele moins dans son ecriture que dans son recit. Tres tot dans le recit, le narrateur proustien affirme deja qu'entre l'ecrivain et l'artiste, il ne voit pas de grande difference. Pour ces raisons-la, nous reservons une tres grande reticence pour appeler << Proust ecrivain du << courant de conscience >>. Et par simple jeu homophonique du chinois, nous dirions que Proust, a la place du titre d'ecrivain de << Yi-shi-liu >> ([TEXT NOT REPRODUCIBLE IN ASCII]), devrait plutot etre nomme celui de << Yi-shu-liu >> ([TEXT NOT REPRODUCIBLE IN ASCII]).
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(1) Ecrivain francais (Auteuil 10 juil. 1871--Paris, 18 nov. 1922)
(2) Femme de lettres anglaise (Londres, 25 janv. 1882--Rodmell, East Sussex, 28 mars 1941)
(3) Romancier et poete irlandais expatrie (Dublin, 2 fev. 1882--Zurich, 13 janv. 1941)
(4) Romancier et nouvelliste americain (New Albany, Mississippi 25 sept. 1897--Byhalia, Mississippi, 6 juil. 1962)
(5) The American Heritage Dictionary of the English Language, Fourth Edition copyright 2000 by Houghton Mifflin Company. C'est nous qui soulignons les quatres citations suivantes.
(6) Collins English Dictionary Complete and Unabridged Harper Collins Publishers 1991, 1994, 1998, 2000, 2003
(7) Thesaurus Based on Word Net 3.0, Farlex clipart collection. 2003-2012 Princeton University, Farlex Inc.
(8) http://en.wikipedia.org/wiki/Stream_of_consciousness, traduit en francais par nous meme, consulte le 10 nov. 2012
(9) Essais et articles, Pleiade, p. 586, cite in << Proust palimpseste >>, Figures I, Gerard Genette, Paris : Seuil, 1966, p. 39
(10) A la recherche du temps perdu, Pleiade, t. III, 1988, p. 895
(11) Marcel Proust, Correspondance generale, Plon, II, p. 86, cite in << Proust palimpseste >>, Figures I, Gerard Genette, Paris : Editions du Seuil, 1966, p. 43
(12) Marcel Proust, Essais et articles, p. 586, cite in << Proust palimpseste >>, Figures I, Gerard Genette, Paris : Editions du Seuil, 1966, p. 44
(13) Gerard Genette, << Proust palimpseste >>, Figures I, Paris : Point/Seuil, 1966, p. 51
(14) Ibid., p. 52
(15) Ibid.
(16) Ibid.
(17) Style in the French Novel, Cambridge, 1957, p. 197. Cite in "Metonymie chez Proust", Gerard Genette, Figures III, Paris : Seuil, 1972, p. 41
(18) Exemples donnes par Genette, << secheresse brune des cheveux >> pour << secheresse des cheveux bruns >> ; << surface azuree >> pour le ciel du dimanche a Combray. << Fraicheur doree des bois >>, le tintement << ovale et dore >> de la clochette du jardin, exemples de Ullmann lui-meme, etc.
(19) << Metonymie chez Proust >>, Gerard Genette, Figures III, Paris : Seuil, 1972, p. 42. C'est Genette qui souligne.
(20) << Metonymie chez Proust >>, Gerard Genette, op. cit., pp. 47-48
(21) Voir << Du cote de chez Swann >>, A la recherche du temps perdu, t. I, Paris : Gallimard/Pleiade, p. 45
(22) C'est nous qui soulignons.
(23) Voir << Metonymie chez Proust >>, Gerard Genette, op.cit., p. 62
(24) << Combray-Venise-Combray >>, Gerard Genette, Figures IV, Paris : Seuil, 1999.
(25) Voir << Avant-propos >>, in L'Affaire Lemoine de Marcel Proust, pastiches, edition genetique et critique par Jean Milly, Geneve : Editions Slatkine, 1994, p. 5
(26) << Le pastiche, activite permanente de Proust >>, Jean Milly, in L'Affaire Lemoine de Marcel Proust, pastiche, op.cit., p. 13
(27) Collins English Dictionary Complete and Unabridged Harper Collins Publishers 1991, 1994, 1998, 2000, 2003
(28) Thesaurus Based on Word Net 3.0, Farlex clipart collection. c 2003-2012 Princeton University, Farlex Inc.
(29) Gerard Genette, << Proust palimpseste >>, Figures I, Paris : Seuil, 1966, p. 57
(30) Jean-Yves Tadie, Marcel Proust, Biographie, Paris : Gallimard, 1996, p. 895
(31) Ibid., pp. 895-6
(32) Marcel Proust, A la recherche du temps perdu, Paris : Gallimard/ Pleiade, t. III, 1988, p. 895
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