Le developpement durable au Quebec : un classement des 25 plus grandes municipalites.
Rajaonson, Juste ; Tanguay, Georges A.
Resume
Dans cet article, nous proposons une approche permettant de creer
une grille d'indicateurs scientifiquement valide et en mesure
d'appuyer les decideurs locaux dans leurs choix politiques en
matiere de developpement durable. Nous appliquons la grille
d'indicateurs selectionnes afin d'etablir differents
classements des 25 plus grandes municipalites du Quebec. Nous demontrons
qu'il existe generalement une asymetrie entre les branches
environnementale et socio-economique pour les municipalites etudiees.
Les deux villes-centre Montreal et Quebec compensent un faible score au
niveau socio-economique par un score environnemental plus eleve.
L'inverse est observe chez les municipalites de banlieue et les
municipalites urbaines a l'exterieur des regions metropolitaines.
Nous terminons l'etude en presentant une analyse-graphique
utilisant les diagrammes en radar afin d'identifier les principaux
facteurs qui influencent chacun des scores. Ces diagrammes offrent un
apercu des domaines ou les municipalites performent le mieux et ceux ou
des mesures supplementaires seraient de mise dans une reelle perspective
de developpement durable.
Mots cles : developpement durable, indicateurs, municipalite
Abstract
We propose an approach to create a scientifically valid grid of
indicators to assist local decision makers regarding sustainable
development management. We apply the selected indicators to establish
different rankings of the 25 largest municipalities in Quebec. We
demonstrate that there is generally an asymmetry between the
socio-economic and environmental performances of studied municipalities.
The two largest cines, Montreal and Quebec, compensate their low
socio-economic scores by high environmental ones. On the contrary,
suburb and regional municipalities generally obtain high socio-economic
scores but lower environmental ones. We conclude the study by analyzing
the determinants of resulting municipalities' scores. To do so, we
present a graphical analysis using radar diagrams that identify the main
factors explaining our results.
Keywords: Sustainable development, indicators, municipalities
1. Introduction
Plusieurs experiences municipales ont demontre la necessite de
disposer d'indicateurs en vue de promouvoir le developpement
durable (Lazzeri et Moustier, 2008; Planque et Lazzeri, 2006). Les
indicateurs servent notamment a i) l'elaboration des strategies
municipales en cette matiere, en orientant les decideurs vers des axes
prioritaires; ii) informer le public au moyen d'indicateurs concis
et accessibles et iii) appuyer des objectifs globaux (par exemple,
nationaux ou provinciaux) par un diagnostic du developpement durable a
une echelle locale (Lazzeri et Moustier, 2008). Ce faisant, en
l'absence d'un cadre de reference solidement etabli, leur
construction et leur mise en oeuvre posent de nombreux defis. Notamment,
dans la mesure ou chaque entite territoriale (province, region ou
municipalite) a tendance a developper ses propres systemes
d'information pour guider les objectifs de << son >>
developpement durable (Bell et Morse, 2008; Theys, 2001). Il en resulte
une incoherence horizontale au niveau de l'interpretation du
developpement durable d'une municipalite a l'autre ainsi
qu'une incoherence verticale d'une echelle decisionnelle a une
autre, rendant les systemes d'information municipale et regionale
souvent incompatibles.
Face a ce constat, nous proposons l'utilisation d'une
grille commune d'indicateurs de developpement durable (IDD) au
niveau municipal. Notre objectif est double. D'une part, nous
soumettons une approche permettant de creer une grille
d'indicateurs scientifiquement valide et en mesure d'appuyer
les decideurs dans leurs choix politiques, et ce, dans une vraie
perspective de devel- oppement durable. D'autre part, nous
demontrons qu'une telle grille permet de garantir un minimum de
coherence, d'une municipalite a l'autre--et dans une moindre
mesure, d'une echelle decisionnelle a une autre--au niveau des
systemes d'informations relatifs au developpement durable.
Pour ce faire, nous presentons, en premier lieu, un cadre theorique
sur la conception et la mise en oeuvre d'une grille d'IDD dans
un contexte municipal. Ensuite, nous expliquons les etapes necessaires a
sa creation et a son application pour les 25 plus grandes municipalites
quebecoises. Dans un troisieme temps, nous faisons une lecture des
resultats, d'abord sous forme de classements et de sous-classements
des 25 municipalites, ensuite via une analyse-graphique en utilisant les
diagrammes en radar. Nous observons entre autres que les 10
municipalites qui se sont les plus demarquees presentent generalement
des scores opposes sur les plans environnemental et socio-economique.
Finalement, nous concluons en soulignant les apports et les limites de
l'efficacite analytique d'une grille commune d'IDD pour
les municipalites du Quebec.
2. Cadre theorique
L'utilisation d'une grille commune d'IDD pose de
nombreux imperatifs, particulierement dans un contexte municipal. Dans
un premier temps, elle oblige a traduire le concept de developpement
durable en indicateurs mesurables. Cette premiere etape comporte quatre
phases de transposition : i) du concept en dimensions; ii) des
dimensions en indicateurs; iii) des indicateurs en mesures et iv) des
mesures en une analyse interpretative (Boulanger, 2004). Aussi dans un
deuxieme temps, elle contraint a clarifier les caracteristiques
d'une municipalite ainsi que la pertinence de travailler a cette
echelle.
2.1 Du concept aux dimensions
Bien que les premisses du concept de developpement durable aient
pris racine dans les annees 1970 avec l'essor du mouvement
environnementaliste, c'est surtout en raison de la parution du
rapport Brundtland, publie par la World Commission on Environment and
Development (WCED), que celui-ci s'est retrouve au coeur des
agendas politiques internationaux (Rametsteiner, 2009). I1 y est defini
comme << development that meets the need of the present generation
without compromising the ability of the future generations to meet their
own needs >> (WCED, 1990). Sa mise en oeuvre se traduit par un
developpement harmonieux, dans le respect de l'environnement, des
secteurs economique et social a court, moyen et long terme (WCED, 1990;
Zilahy et al., 2009). Toutefois, en 30 annees de recherche et
d'application, ses interpretations se sont multipliees en raison de
sa definition trop vague et ambitieuse. Deux ans apres la publication du
rapport Brundtland, on denombrait plus de 60 definitions (World Bank,
1989). En 1996, c'est plus de 300 definitions qui etaient recensees
par Dobson (1996). Aujourd'hui, rien ne se fait en matiere de
politique sans l'etiquette de developpement durable, si bien que
l'utilite du concept a ete maintes fois remise en question
(Rotillon, 2005).
La representation graphique a l'aide des diagrammes de Venn ou
de cercles concentriques (Figure 1) est probablement la maniere la plus
repandue et la plus pertinente pour representer et introduire le concept
de developpement durable (Connelly, 2007). Ainsi, celui-ci se schematise
en tant que chevauchement de trois cercles representant respectivement
les preoccupations d'ordre economique, social et environnemental
(Beauregard, 2003). Comparativement a d'autres approches (i.e.
approches en termes de ressources, approches en termes de capitaux,
approches en termes de normes, etc.), cette traduction du concept en
trois dimensions presente l'avantage de l'exprimer comme etant
une forme d'equilibre entre les evolutions de chaque dimension tout
en refletant egalement l'interdisciplinarite qu'il exige dans
les processus visant a le mettre en oeuvre (Boulanger, 2004).
[FIGURE 1 OMITTED]
Dans un contexte municipal, il existe deux perspectives distinctes
couramment associees au developpement durable (DD) qui sont pourtant
complementaires (voir Bell et Morse, 2008; Parkinson et Roseland, 2002).
La premiere associe le DD a la viabilite des ressources naturelles et a
l'importance d'adopter des mesures visant a reduire les
impacts sur l'environnement (Parkinson et Roseland, 2002). La
seconde se rapporte aux conditions socio-economiques et implique
essentiellement la creation de conditions favorables a
l'implantation des menages (Newman, 2006; Parkinson et Roseland
2002; Federation canadienne des municipalites, 2004). Dans les deux cas,
les conditions environnementales, economiques et sociales a la base du
DD ne sont pas reunies.
Afin de tenir compte de ce contexte, nous avons adapte le schema
tridimensionnel du developpement durable et nous distinguons donc une
branche socio-economique, qui regroupe les dimensions sociale et
economique, et une branche environnementale. Ce schema dualiste du
developpement durable se prete bien a l'analyse du contexte
municipal. Il permet : i) d'identifier les municipalites qui
presentent une asymetrie entre les deux branches, ce qui guiderait
ultimement les politiques municipales vers des objectifs
environnementaux ou socio-economiques plus ambitieux dans une vraie
perspective de developpement durable ; ii) d'aboutir a un minimum
de coherence concernant l'interpretation du developpement durable
par les municipalites et iii) de degager des tendances generales en
mesure de faciliter un diagnostic quant a l'etendue de
l'emploi et des interpretations faites du concept, et ce, a une
echelle decisionnelle superieure.
2.2. Des dimensions aux indicateurs
Chaque dimension se decline en plusieurs domaines, et chaque
domaine a son tour en plusieurs sous-domaines. Par exemple, dans la
branche environnementale, on peut s'interesser a la question de
l'air, et a ce chapitre, on peut discuter de la qualite ou de la
pollution de l'air. Finalement, ce dernier point peut lui-meme etre
envisage sous l'angle du secteur de l'industrie ou celui du
transport, qui, en dernier lieu, recouvre les notions de transport
routier et aerien, de vehicules legers ou de vehicules lourds, etc.
Plus l'enjeu qu'on cherche a apprehender est complexe,
plus grand est le nombre d'indicateurs necessaires (Boulanger,
2004). Par exemple, pour informer sur la qualite d'un plan
d'eau, on pourra recourir a differents indicateurs, tels que la
concentration de polluants chimiques, la transparence de l'eau,
l'odeur, la sante de la faune et de la flore aquatique, la
salubrite des berges, etc.
2.2.1. Enjeux d'utilite
Cependant, le choix d'un ou plusieurs indicateurs pour
informer sur un theme ou un sous-domaine donne doit tenir compte de leur
utilite. En tant qu'outils informatifs, les IDD servent a
quantifier et synthetiser des phenomenes complexes relevant des
dimensions constitutives du DD et a organiser l'information pour
lui donner un sens politique (Bouni, 1998). En effet, au niveau
municipal, les indicateurs doivent permettre de poser un diagnostic
environnemental et socioeconomique en vue d'appuyer les strategies
de DD projetees (Brugmann, 1997). Une grille d'IDD est donc
essentiellement un systeme d'informations a caractere politique.
L'information qu'elle vehicule doit etre organisee de maniere
a ce qu'elle franchisse le << monde de la recherche et de la
science pour etre integree a celui de la politique >> (Bouni,
1998).
Une grande partie de subjectivite est donc necessairement
introduite compte tenu du fait que les indicateurs retenus dependent,
malgre l'utilisation de criteres de selection pertinents, des
utilisateurs vises et des objectifs lies a l'echelle
d'analyse. La procedure de construction des indicateurs est donc
intimement liee a la demande d'informations.
Malgre la diversite des municipalites, il s'avere possible
d'identifier une serie d'indicateurs de base qui peuvent
s'appliquer a l'ensemble d'entre elles (Mascarenhas et
al., 2010; Holman, 2009; Mitchell, 1996). Une telle demarche doit
cependant se faire avec des reserves, particulierement dans un contexte
municipal.
D'une part, les indicateurs ne sont pas les seuls outils
permettant d'evaluer le developpement durable d'un territoire
(voir notamment Ness et al., 2007 pour une discussion et une comparaison
entre les differentes familles d'outils). D'autre part, comme
n'importe quel outil, ils ont des avantages et des limites. Ils ne
permettent pas, entre autres, de rendre compte de l'impact
d'un changement de politique ni de l'implantation d'un
projet structurant, par exemple pour une municipalite, a moins
d'etre concus pour evaluer strictement les actions et les
programmes gouvernementaux. Ils deviendraient alors des indicateurs de
suivi de programmes ou d'actions (Ness et al., 2007). Ils ne
permettent pas non plus de suivre les flux de materiaux ou
d'energie que permettraient, par exemple, des outils d'analyse
du cycle de vie d'un bien ou d'un service donne (Harger et
Meyer, 1996). En outre, ils ne peuvent pas remplacer des outils
essentiels comme l'analyse cout-benefice, l'analyse de risque
et de vulnerabilite ou l'analyse dynamique de systeme (Ness et al.,
2007), tous aussi essentiels les un que les autres dans une perspective
de developpement durable.
En revanche, ils sont generalement reconnus pour leur caractere
simple et leur efficacite analytique pour des donnees quantitatives
relevant generalement des trois piliers du developpement durable (Ness
et al., 2007). Une grille d'indicateurs commune, gagnant a etre
appliquee au niveau muncipal, jouerait un role important de systeme
d'information en s'assurant que l'evaluation etablie a
une echelle nationale ou regionale puisse reellement refleter les
valeurs et les preoccupations identifiees a une echelle locale ou
municipale (Mascarenhas et al., 2010).
Contrairement aux statistiques officielles tenues par
l'administration publique (i.e. locale ou municipale), les
indicateurs << se veulent autant un instrument d'evaluation
democratique qu'un outil de gestion aux mains des seules autorites
>> (Boulanger, 2004). A cet egard, ils remplissent entre autres
deux fonctions. Ils constituent une base d'informations pour la
prise de decision politique (usage interne pour les municipalites), ils
contribuem a l'elaboration d'un langage commun recouvrant la
notion de developpement durable et de ses dimensions constitutives,
au-dela des indicateurs propres au contexte de chaque municipalite
(usage externe pour toutes les categories d'utilisateurs
potentiels). Sur certains indicateurs, la municipalite a donc un pouvoir
structurant, tandis que, sur d'autres, elle n'a aucune
influence. Nous reviendrons sur ce point un peu plus tard.
2.2.2 Enjeux lies aux contraintes d'observation et de mesures
Outre les enjeux d'utilite, la selection d'IDD
s'appuie egalement sur des contraintes d'observations et de
mesures. En fait, plusieurs compromis inevitables limitent
l'efficacite analytique des indicateurs et leur font perdre de leur
objectivite, voire de leur credibilite. Par exemple, on doit prendre en
compte la demande d'information concise des utilisateurs, obtenir
des resultats bases sur une demarche methodologique coherente, tenir
compte de l'offre de donnees, etc.
Dans un exercice scientifique, ce compromis se traduit souvent par
l'utilisation d'indicateurs moins nombreux et moins explicites
pour lesquels les donnees de calculs sont toutefois disponibles a
l'echelle d'analyse souhaitee. Prenons l'exemple de la
pauvrete. Elle est couramment mesuree a l'aide d'un ou
plusieurs indicateurs relatifs au revenu, aux charges et au logement des
individus ou des menages, puisque les donnees statistiques y referant
sont facilement accessibles. Pourtant, en plus de la dimension
materielle (e.g. revenus, logement), la pauvrete est caracterisee par
des dimensions sociale et culturelle (par ex. reliees a des questions
d'exclusion et d'education) et pour lesquelles il existe
plusieurs autres indicateurs tout aussi pertinents dont les mesures, si
elles sont disponibles, necessitent parfois des calculs ou des
ajustements plus complexes (Boulanger, 2004).
2.3 Des indicateurs aux mesures
Une fois definis et organises a l'interieur de chaque
dimension, les indicateurs doivent etre mesures. Comme ils recoupent des
domaines varies, ils peuvent etre quantitatifs, semi-quantitatifs ou
qualitatifs. De plus, ils ne sont pas mesures dans des unites
comparables, ce qui complique l'interpretation des donnees
relatives a l'une ou l'autre des dimensions environnementale
et socio-economique dans un contexte municipal. Finalement, les echelles
grace auxquelles les donnees sont mesurees peuvent etre egalement
differentes. Il devient alors necessaire de standardiser les unites et
les echelles de mesure, ce qui implique une perte d'information
considerable.
2.4 Des mesures aux indices
Paradoxalement, pour que les indicateurs puissent servir aux
processus de decision politique, leur nombre doit etre reduit, et la
grille ou le systeme d'indicateurs simplifie (Reed et al., 2006).
En ce sens, une operation d'agregation devient indispensable.
Cependant, l'agregation d'un grand nombre d'indicateurs
en une ou quelques composantes ne fait pas toujours l'unanimite
(voir European Commission, 2002 pour une discussion sur les <<
pour >> et les << contre >>). Ses detracteurs
soulignent le caractere reductionniste de toute forme d'agregation.
Ils denoncent le fait que celle-ci pourrait induire a des conclusions
simplistes au niveau politique ou a des mesures inappropriees, notamment
lorsque certaines faiblesses sont masquees et compensees par de bonnes
performances dans d'autres domaines (Sharpe, 2004; European
Commission, 2002). En revanche, ses preconisateurs defendent la
necessite de tendre vers des outils d'analyse globale qui
permettent un minimum de coherence quant aux systemes
d'informations sur le developpement durable, et ce, d'une
municipalite a l'autre et d'une echelle decisionnelle a une
autre (Morrey, 1997).
Dans un contexte municipal, compte tenu des contraintes imposees
par une part de subjectivite au niveau de la selection des indicateurs,
par l'offre de donnees disponibles et par une perte
d'information lors de la standardisation, les mesures gagneraient a
etre agregees dans une branche environnementale et une branche
socio-economique. Leur efficacite analytique consisterait ainsi a
identifier les municipalites qui presentent des asymetries entre les
deux branches et qui, devraient prioriser, selon lecas, soit leurs
engagements socio-economiques, soit leurs engagements environnementaux,
dans une vraie perspective de developpement durable. La finalite de
cette demarche vise a s'assurer que le developpement durable, dans
un contexte municipal, est communement compris et interprete comme etant
tout autant la recherche d'une qualite de vie que celle d'une
reduction des impacts sur l'environnement.
Pour les decideurs municipaux, cette information permet
d'orienter les decisions politiques vers des axes prioritaires en
fonction des resultats observes. De plus, cette information peut aider
d'autres utilisateurs (i.e. des citoyens, des groupes de citoyens,
des entreprises, des organismes communautaires, etc.) a definir leurs
engagements sociaux et/ou ecologiques tout en leur permettant de
comprendre et, par la meme, d'influencer les initiatives politiques
au nom d'une democratie participative. Enfin, a une echelle
decisionnelle superieure, cette information peut alimenter une strategie
de developpement durable plus globale et servir de critere de base pour
guider les financements accordes aux administrations municipales dans
une vraie perspective de developpement durable.
2.5 La municipalite comme echelle d'analyse
Il est reconnu que les outils d'information ou
d'evaluation, a l'instar des indicateurs, sont souvent plus
operationnels lorsqu'ils sont elabores et utilises a une echelle
locale (Reed et al., 2006). En effet, c'est a cette echelle que les
politiques se traduisent formellement en action, ce qui place les
municipalites comme etant des acteurs de premier plan dans la mise en
oeuvre des principes de developpement durable.
Le choix de la municipalite comme echelle d'analyse est avant
tout guide par le fait qu'elle delimite un territoire administratif
pour laquelle li existe un pouvoir structurant. Par exemple, au Quebec
les municipalites ont des pouvoirs structurants en matiere economique,
sociale et environnementale en ce qu'elles peuvent influencer
l'un ou l'autre des domaines qui y sont rattaches (FQM, 2007).
Ces pouvoirs sont toutefois limites. Par exemple au niveau social, les
municipalites ont la responsabilite d'assurer les besoins
essentiels de ses residants, de favoriser la disponibilite et
l'accessibilite aux differents services et a garantir la sante et
la securite de ses citoyens (FQM, 2007). En revanche, elles n'ont
pas d'influence directe sur l'etat de sante des citoyens ou
encore sur leur niveau d'education.
Comme le developpement durable, par son caractere multithematique
et interdisciplinaire, implique plusieurs acteurs, le role d'un
systeme d'indicateurs va au-dela de l'utilisation interne de
l'administration municipale. Il constitue un systeme
d'informations partagees par un ensemble d'acteurs en mesure
d'identifier des objectifs et une strategie generale commune en vue
de definir des actions distinctes selon les responsabilites et les
competences de chacun. Il sert surtout de catalyseur i des discussions
et a des groupes de travail (Holman, 2009; Bell et Morse, 2008; Reed et
al. 2006). C'est pourquoi un systeme ou une grille
d'indicateurs peut inclure des informations sur lesquelles la
municipalite a une influence directe ou non dans le cadre d'une
perspective de developpement durable. Dans ce dernier cas,
l'information reste indispensable puisqu'elle peut jouer un
role dans la prise de decision politique ou dans un contexte oU
l'on souhaite promouvoir la democratie participative, donc le fait
d'asseoir plusieurs intervenants a une meme table. Les indicateurs
offrent donc des informations partagees par un ensemble de parties
concernees et qui, en raison de l'implication de nombreuses
disciplines, sont confrontees a l'interaction de plusieurs themes.
Enfin, malgre la diversite des municipalites, le developpement
durable doit etre communement percu et apprehende de maniere a favoriser
une bonne qualite de vie tout en minimisant les impacts sur
l'environnement. Ence sens, la construction d'une grille
commune d'indicateurs se presente comme etant un moyen de
rapprocher les municipalites vers cette perspective en depit de la
subjectivite imposee par ce genre d'exercice.
3. Demarche methodologique
Ceci etant dit, la pertinence et la robustesse d'une grille
d'indicateurs, tout comme son interpretation, dependent avant tout
d'une approche methodologique bien elaboree. Chaque etape relative
a sa construction et son application doit etre suffisamment transparente
afin de donner un sens a l'interpretation et d'en garantir une
certaine validite. Cette premiere visec devra notamment tenir compte de
plusieurs directives (Singh et al., 2009; OCDE, 2008). Selon
l'OCDE, toute demarche de construction d'une grille
d'indicateurs devrait, sans s'y limiter, inclure : i) une
definition de la structure du systeme propose et de ses objectifs; ii)
une selection parcimonieuse d'indicateurs; iii) une compilation des
donnees; iv) un traitement des donnees; v) un choix de methode
d'agregation des indicateurs individuels; vi) un choix de mode de
presentation et d'interpretation des resultats et vii) des tests de
robustesse (OCDE, 2008). En complement, nous presentons les criteres de
selection des municipalites.
3.1 Selection des municipalites
Rappelons qu'un des objectifs, a l'interieur de la
creation d'une grille d'IDD, est de montrer une approche qui
s'integre au contexte des municipalites. La selection de 25
municipalites du Quebec est donc essentiellement methodologique. Comme
il s'agit d'une etude somme toute exploratoire, nous nous
sommes restreints aux 25 municipalites (1) les plus peuplees et ayant un
seuil minimal de 40 000 habitants selon le recensement de 2006 (Tableau
1). En outre, ces municipalites regroupent la majorite de la population
au Quebec, et les enjeux en matiere de DD y sont en consequence les plus
preoccupants. De plus, bien qu'elles aient toutes adopte une forme
de strategie ou un plan de developpement durable, on ne retrouve pas de
consensus quant aux indicateurs ou aux systemes d'informations
utilises. Il existe aussi des problemes recurrents de disponibilite ou
d'incompatibilite des donnees. Cependant, les donnees necessaires
au developpement des indicateurs sont accessibles pour ce qui est des
municipalites selectionnees.
Nous proposons donc deux scenarios de comparaison. Le premier est
general et inclut l'ensemble des 25 municipalites afin
d'analyser essentiellement, dans un premier temps, les asymetries
entre les branches environnementale et socio-economique du developpement
durable. Le deuxieme scenario considere h distinction entre les
categories auxquelles appartiennent les 25 municipalites selectionnees.
Les trois categories de municipalites considerees sont : i) les
municipalites constituant le coeur d'une agglomeration, dites
<< villes-centre >> (VC), c'est-a-dire Montreal et
Quebec; ii) les municipalites faisant partie de la region metropolitaine
de Montreal ou de Quebec, dites << de banlieue >> au nombre
de 11 (B) et iii) les municipalites a l'exterieur des deux regions
metropolitaines au nombre de 12 que nous qualifions de <<villes
regionales>> (VR) (voir Tableau 1). L'analyse se concentrera
sur le lien entre la categorie de municipalite et les tendances
asymetriques entre les branches environnementale et socio-economique.
Cela permettra, ultimement, de rendre compte aux municipalites de la
necessite, en ce qui les concerne, de reevaluer leurs priorites dans
l'une ou l'autre des deux branches selon leur faiblesse
respective, et ce, dans une vraie perspective de developpement durable.
3.2 Definition et objectif de la grille d'indicateurs proposee
D'un point de vue conceptuel, nous proposons une grille
d'IDD divisee en deux branches thematiques. Nous distinguons,
d'une part, les indicateurs relatifs a la pression anthropique sur
l'environnement et, d'autre part, les indicateurs relatifs aux
conditions socio-economiques favorisant l'implantation des menages
dans la municipalite (e.g. la securite, la sante, le systeme
d'education, la possibilite d'emploi, le choix de logements).
Tel que discute dans les sections precedentes, il s'agit des deux
perspectives qui sont les plus couramment associees au developpement
durable au niveau des municipalites et qui, pourtant, relevent
d'une complementarite (voir Bell et Morse, 2008 pour une discussion
a ce sujet). L'efficacite analytique de la grille ainsi configuree
reside ence qu'elle permet de degager des tendances generales de
soutien aux decideurs et de presenter une information aux autres parties
prenantes, comine les citoyens, afin qu'ils puissent apporter leur
part de contribution dans l'atteinte des objectifs de developpement
durable.
3.3 Choix et selection des indicateurs
Le choix des indicateurs est base sur la methode de selection
appliquee dans Tanguay et al. (2009). Il consiste a choisir une liste
parcimonieuse d'indicateurs parmi 188 indicateurs recenses dans une
selection d'articles et d'etudes portant sur les IDD. Les
indicateurs y sont choisi selon trois criteres permettant d'en
reduire le nombre jusqu'a un effectif optimal. Ces criteres sont :
i) la frequence d'utilisation et un consensus maximal; ii) la
couverture exhaustive des volets du developpement durable et de leurs
sous-categories et iii) l'operationnalisation facilitant la
collecte des donnees, leur comprehension et leur diffusion.
Cet effectif optimal est ainsi le resultat de l'union entre
les indicateurs les plus frequemment utilises et ceux permettant
d'inclure le plus largement possible les dimensions du
developpement durable et les categories qui les composent. En tout, 29
IDD y sont identifies (Tanguay et al., 2009). Leur pertinence et leur
utilite ont donc deja ete maintes fois demontrees et ils couvrent le
plus largement possible les sous-domaines constituant les branches
environnementale et socioeconomique du developpement durable.
Parmi les 29 indicateurs proposes par Tanguay et al. (2009), nous
en retenons 20 pour la presente etude, pour des raisons de disponibilite
des donnees et de forte correlation entre certains indicateurs. Ainsi,
nous avons ecarte l'empreinte ecologique, le cout de la vie et le
taux de participation aux audiences publiques et la population exposee
au Lnight > 55dB (A) puisque les donnees sont inexistantes pour
l'echelle d'analyse. Nous avons aussi ecarte le nombre
d'entreprises avec une certification environnementale et les
emissions de gaz a effet de serre excluant le transport a cause de
plusieurs donnees manquantes. Nous avons egalement exclu la consommation
d'energie annuelle de sources renouvelables compte tenu que les
donnees pour l'echelle d'analyse sont inaccessibles.
L'absence ou la presence d'initiatives soulignant le
developpement durable n'ont pas ete retenu puisque toutes les
municipalites selectionnees possedent une forme de strategie en matiere
de developpement durable.
D'autre part, pour s'assurer de prevenir tout eventuel
probleme relie au double comptage ou a la surrepresentativite d'un
ou de plusieurs indicateurs, nous avons genere une matrice de
correlation des 21 indicateurs restants. L'indicateur <<
population recevant des prestations sociales >> est ecarte en
raison d'une tres forte correlation avec le taux de chomage en
pourcentage de la population active de 15 ans et plus (coef. corr. =
0,97), le taux d'activites (coef. corr. = - 0,74) et le revenu
median des menages (coef. corr. = - 0,61). Le taux de chomage, le taux
d'activites et le revenu median des menages sont retenus parce
qu'ils permettent de rendre compte non seulement de l'etat du
marche local du travail, mais aussi de la condition sociale de la
population residente selon la categorie des municipalites, et ce, malgre
un coefficient de correlation eleve (coef. corr. = - 0,73 entre le taux
de chomage et le taux d'activite, coef. corr. = - 0,62 entre le
revenu median des menages avec le taux de chomage et coef. corr. = 0,77
entre le revenu median des menages avec le taux d'activites). Au
niveau environnemental, l'utilisation du transport en commun et le
taux de possession automobile sont fortement correles (coef. corr.= -
0,89). Les deux indicateurs sont toutefois maintenus puisqu'ils
peuvent refleter deux realites distinctes. En effet, un individu ou un
menage peut tres bien posseder une automobile, ce qui augmente la
probabilite qu'il en fasse usage. En revanche, li peut tres bien
utiliser regulierement le transport en commun. La densite de population
est fortement correlee avec l'utilisation du transport en commun et
le taux de possession d'automobile. Elle est egalement maintenue
compte tenu qu'elle peut refleter d'autres enjeux comme
l'etalement urbain, enjeu que ni l'utilisation du transport en
commun, ni le taux de possession d'automobile ne peuvent
apprehender. Enfin, malgre un coefficient de correlation de - 0,74, la
quantite de matieres residuelles et le taux de recyclage sont retenus
puisqu'ils ont une cause commune (la quantite de matiere residuelle
produite) et non pas une relation de cause a effet. Les 20 indicateurs
retenus sont presentes au tableau 2. Ils permettent d'autant plus
de couvrir largement les dimensions integrees du DD (2), a l'image
des 29 indicateurs originaux de Tanguay et al. (2009).
3.4. Les sources de donnees
Dans bien des cas, les donnees statistiques sont difficilement
accessibles, voire inexistantes, a l'echelle des municipalites.
Cette realite contraint parfois l'utilisation de donnees qui ne
sont pas necessairement tres robustes. Ce probleme est d'ailleurs
commun a toute tentative de construction d'IDD (OCDE, 2008). A
contrario, lorsqu'elles existent et sont accessibles, elles ne sont
pas toujours comparables ni compatibles entre municipalites.
De maniere generale, outre la normalisation necessaire au calcul
des scores environnemental et socio-economique, li s'agit de
donnees primaires pour lesquelles aucun calcul supplementaire n'a
ete effectue. Par ailleurs, nous reconnaissons certaines limites aux
donnees utilisees, notamment en ce qui a trait aux annees de compilation
(4), relativement heterogenes, et a l'attribution d'une valeur
regionale lorsque les micro-donnees ne sont pas disponibles (5). Aussi,
nos indicateurs ne decrivent pas les variations dans le temps. En
revanche, une fois notre liste etablie, elle pourra faire l'objet
d'une mise a jour periodique, de facon a considerer cette dimension
temporelle des indicateurs.
3.5. Traitement des donnees : normalisation
Pour chaque indicateur, les donnees sont transformees ou
normalisees afin d'etre exprimees dans une unite commune. Plusieurs
methodes de normalisation peuvent etre appliquees, mais, selon plusieurs
auteurs, aucune n'est reellement satisfaisante (pour une discussion
a ce sujet, voir : Tchimou, 2005 et OCDE, 2008). Pour Singh et al.
(2009), l'agregation des indicateurs implique, principalement, des
choix methodologiques, dont la robustesse peut etre, par la suite,
appuyee avec des tests de sensibilite.
Nous transformons les observations afin que chaque indicateur ait
une moyenne de zero et soit exprime en termes d'ecart-type. Les
donnees ainsi generees sont independantes des echelles ou des unites de
mesure.
Soit [[bar.I].sub.j], la moyenne de l'indicateur [I.sub.j] (j
= 1, 2 ... 20) pour les 25 municipalites et [[sigma].sub.j]
l'ecart-type correspondant, la normalisation est decrite par
l'equation suivante :
[I.sub.ij] = [x.sub.ij] - [[bar.I].sub.j]/[[tau].sub.j] (1)
oU [I.sub.ij] est la valeur de l'indicateur ainsi creee et
[x.sub.ij] represente la valeur de l'observation initiale de
l'indicateur j pour une ville i. Par contre, cette normalisation
implique que les indicateurs ayant des valeurs extremes, lorsqu'ils
seront agreges, affecteront ultimement le score E ou SE. Autrement dit,
des municipalites ayant des performances exceptionnelles pour quelques
indicateurs risquent d'avoir un score plus eleve que celles qui
auront des performances relativement constantes dans tous les
indicateurs une fois synthetise. Ce probleme de << compensation
>> entre les scores des indicateurs peut etre controle en
utilisant une methode d'agregation qui << neutralise "
la valeur des scores. C'est pourquoi, d'ailleurs, nous
utiliserons plus loin la regle de classement de Borda. Ceci etant dit,
il n'existe aucun lien de proportion entre les valeurs des
indicateurs. Une municipalite ayant obtenu un score de 1 n'est pas
deux fois plus performante qu'une municipalite ayant obtenu un
score de 0,5 pour un indicateur donne.
3.6. Agregation des donnees et calcul des scores environnementaux
et socio economiques
Un score environnemental (E) et un score socio-economique (SE) sont
obtenus pour chaque municipalite a partir de l'agregation des
indicateurs regroupes, respectivement, dans les branches
environnementale et socio-economique (Tableau 3). Finalement, dans un
but strictement comparatif, nous calculons un indice global IG qui
synthetise les deux scores.
Au niveau operationnel, l'agregation condense les informations
contenues dans chacun des indicateurs en une seule information, ce qui
induit une certaine perte de donnees. Toutefois, dans un contexte
municipal multi-acteurs, ce calcul permet de degager des grandes
tendances et d'en soumettre, a un niveau tres general, les
conclusions aux acteurs pour qui cet apport informationnel est essentiel
dans le cadre d'un processus de decision.
Aussi introduit-il un dilemme quant a la ponderation des
indicateurs qui le composent. En presentant les differentes options
relatives a la ponderation, Singh et al. (2009) soulignent le fait que
la methode d'agregation devrait, idealement, demeurer simple : en
effet, cela permet de faciliter l'interpretation mais surtout
l'utilisation des donnees comme outil d'aide a la decision.
Nous optons donc pour une ponderation egale de chaque indicateur dans le
calcul des scores. Ainsi, les 10 indicateurs qui composent
respectivement les branches environnementale et socioeconomique
recevront une ponderation de 0,1.
Nous optons pour une agregation lineaire (AL), une methode reconnue
qui permet de preserver la valeur de chaque indicateur une fois calculee
(OCDE, 2008). Elle est basee sur la somme des indicateurs normalises. En
optant pour cette methode d'agregation, nous admettons la
possibilite, par exemple, qu'un bon score en matiere de gestion des
matieres residuelles puisse compenser un mauvais score en matiere de
consommation d'eau dans le calcul du score E. Elle permet toutefois
de conserver la valeur et la contribution de chaque indicateur au score
E ou SE et de refleter les performances exceptionnelles de certaines
municipalites dans des domaines particuliers grace au classement etabli
dans le cadre de cette demarche. Par ailleurs, notons qu'on ne peut
pas etablir de rapport de proportion entre les scores obtenus par les
municipalites puisque ils appartiennent a une echelle d'intervalle.
Autrement dit, on ne peut pas dire qu'une municipalite ayant obtenu
un score E de 1 serait deux fois plus performante qu'une
municipalite ayant un score de 0,5.
Pour une ville donnee i = 1, 2...25 et pour les indicateurs
[I.sub.j] avec j = 1, 2 ... 20,
la formule d'agregation s'ecrit :
[IC.sub.i] = [j=20.summation over (j=1)] [w.sub.j][I.sub.ij] (2)
ou [j=20.summation over (j=1)] [w.sub.j] = 1 et 0 [less than or
equal to ] [w.sub.j] [less than or equal to ] 1 etant la ponderation de
chacun des 20
indicateurs [I.sub.j] de la municipalite i. IC correspond au score
E ou SE.
3.6.1. Test de robustesse
Une deuxieme methode d'agregation egalement reconnue est
appliquee afin d'evaluer le niveau de robustesse des resultats et
de s'assurer que ces derniers ne relevant pas uniquement de
l'effet de la methode (OCDE, 2008) : la regle de classement de
Borda. Contrairement a l'AL, elle fait abstraction des valeurs des
indicateurs en ne considerant que les rangs de chaque municipalite pour
chaque indicateur individuel (Vansnick, 1990). Autrement dit, on veut
neutraliser les problemes de compensation entre les valeurs des
indicateurs constituant les scores E ou SE en considerant uniquement la
difference de classement entre une municipalite et une autre, et
verifier si les resultats varient considerablement.
La regle de Borda est basee sur la regle de pointage suivante :
etant donne N municipalites, la derniere du classement pour chaque
indicateur individuel ne recevra pas de point, celle qui la precede se
voyant attribuer 1 point. La regle de pointage se poursuit jusqu'a
N-1 points, score que recoit la municipalite en tete du classement, et
ce, pour chaque indicateur individuel. Pour chaque branche E et SE, la
municipalite au plus haut pointage, selon la regle de Borda, sera
classee premiere (voir notamment OCDE, 2008 pour une demonstration plus
elaboree).
Pour chaque municipalite i,
[IC.sub.i] = [j=20.summation over (j=1)] (25 - [r.sub.ij] (3)
oU [r.sub.ij] correspond au rang de la municipalite i pour
l'indicateur [I.sub.jj], et IC au score E ou SE.
Il y deux principaux avantages a utiliser la regle de Borda.
Premierement, elle evite les problemes de << compensation >>
entre les indicateurs individuels en remplacant leur valeur par leur
rang dans le classement. Deuxiemement, elle permet, quelque soit le
nombre de fois que les municipalites ont occupe un rang en particulier,
de rendre compre de l'ensemble des classements de celles-ci. Le
classement positionne ainsi favorablement les municipalites ayant des
performances relativement constantes pour la majorite des indicateurs
individuels.
3.7. Mode de presentation et d'interpretation des resultats
3.7.1. Essai de classement general
Une fois les indicateurs et les scores calcules, nous faisons un
classement general des 25 municipalites dont le but est de visualiser
les donnees a des fins d'analyse. L'objectif est d'etre
en mesure d'apercevoir la tendance generale qui resulte des scores
E et SE. Ont-ils tendance a presenter une asymetrie, de telle sorte que
le score environnemental serait plus eleve que le score
socio-economique, et vice-versa ? Notons que ces resultats asymetriques
ne tiennent pas compte de la categorie des municipalites.
3.7.2. Essai de classement contextuel
Par la suite, nous regroupons les municipalites selon leur
categorie respective (i.e. VC, B ou VR) et en faisons ensuite
l'analyse. Nous reconnaissons ainsi que certains avantages ou
desavantages sont inherents a la nature des municipalites. Par exemple,
la question des types de logements habites et de la possibilite
d'etablir des systemes de transport collectif est intimement liee a
celle de la densite et de la population des municipalites.
3.7.3. Diagrammes en radar
A l'aide de representations graphiques en radar, nous
illustrons la contribution de chaque indicateur aux scores E et SE
obtenue a partir de l'agregation lineaire. Cette facon de proceder
rend compte des principaux facteurs a l'origine des forces ou des
faiblesses des scores E et SE. Mais elle permet egalement, d'une
part, de suggerer les axes prioritaires en regard desquels des efforts
supplementaires de la part des municipalites concernees doivent etre
consentis et, d'autre part, d'informer les autres parties
prenantes afin qu'elles puissent prendre leurs responsabilites.
4. Resultats et interpretation
4.1. Classement global
Le tableau 5 presente le classement global des 25 municipalites
relativement aux scores E, SE et a l'indice global IG. Ce dernier
est calcule par la moyenne des scores E et SE :
IG = (E + SE) 0,5 (4)
Sans surprise, la comparaison des classements revele que les scores
E et SE peuvent se compenser et qu'ainsi, certaines municipalites
finissent avec un IG eleve, donc un bon classement. Ainsi, Gatineau,
Sherbrooke et Victoriaville presentent de tres bonnes performances
environnementales (score E eleve) qui, malgre l'obtention de
performances moins bonnes au niveau socio-economique (score SE plus
faible), leur permettent de se retrouver parmi les 10 premieres
municipalites dans un classement general. De leur cote,
St-Jean-sur-Richelieu, Dollard-desOrmeaux et Blainville figurent aussi
parmi les municipalites les mieux classees, mais cette fois-ci avec un
score SE eleve et un score E plus faible. Finalement, notons que Levis,
Quebec, Brossard sont les seules municipalites parmi les 10 premieres du
classement global IG a se retrouver parmi les 10 premieres a la fois
pour E et SE.
En terme de developpement durable, ces resultats demontrent
qu'il existe reellement une asymetrie entre les dimensions
environnementale et socio-economique au niveau municipal. Selon les cas,
plusieurs municipalites gagneraient a reactualiser leurs priorites
environnementales ou socio-economiques dans une vraie perspective de
developpement durable.
4.2. Test de robustesse
Le classement revelant les scores de E, SE et l'indice IG est
compare avec un autre scenario utilisant la regle de classement de
Borda, pour que soit verifie sa robustesse (voir tableau 5). Les grandes
tendances observees dans le classement via l'agregation lineaire
semblent etre maintenues dans le classement de Borda. Levis, Quebec,
Brossard restent les seules municipalites parmi les 10 premieres du
dassement global a se retrouver parmi les 10 premieres a la fois dans
les branches environnementale et socio-economique. Quant aux sept autres
municipalites de tete pour le classement global selon la regle de Borda,
elles sont bien classees, soit au niveau environnemental, soit au niveau
socio-economique. Par ailleurs, alors qu'elle etait [l.sup.ere]
dans le classement precedent au niveau environnemental, Montreal se
retrouve en [5.sup.eme] position. C'est aussi le cas pour
Victoriaville qui passe de la [5.sup.ieme] a la [13.sup.ieme] position
au niveau environnemental. La tendance est inverse, au niveau
socio-economique, pour quelques municipalites : Quebec passe de la
[10.sup.ieme] a la [8.sup.ieme] position, de meme que Shawinigan qui
passe de la [24.sup.ieme] a la [21.sup.ieme] position.
Nous appliquons les tests de correlation de Spearman et de Kendall
aux deux series de resultats (Kendal et Gibbons, 1990). Le premier
permet de calculer la correlation entre deux ensembles de rangs (p de
Spearman), tandis que le deuxieme est base sur le nombre
d'inversions constatees dans les classements ([tau] de Kendall). Le
degre de concordance est d'autant plus eleve que la valeur des deux
coefficients (p et [tau]) est proche de 1. Les tests revelent que les
deux classements sont fortement lies, autant pour les scores E et SE que
pour les indices globaux au seuil de 0,05 ([tau] = 0,73 et p = 0,89 pour
E, [tau] = 0,78 et [rho] = 0,91 pour SE et [tau] = 0,81 et [rho] = 0,95
pour les indices globaux). Ces resultats sont presentes au tableau 6.
La difference entre les deux methodes est attribuable au fait que
l'agregation lineaire cause un probleme de compensation entre les
indicateurs individuels, contrairement au classement de Borda. Autrement
dit, concernant le premier type de classement, des valeurs tres elevees
influencent les scores, tandis que dans le second (selon la regle de
Borda), seul le classement relatif des municipalites est pris en compte.
4.3. Classement en fonction des categories de municipalites
Le tableau 7 presente les sous-classements ainsi que les scores E
et SE des municipalites lorsqu'on tient compte de leur categorie
respective.
Premier constat, on observe que Montreal et dans une moindre mesure
Quebec ont tendance a compenser un mauvais << score
socio-economiques >> (SE [less than or equal to] 0) par un
meilleur << score environnemental>> (E > 0). Cette
tendance est inversee chez la majorite des municipalites en banlieue de
Montreal et Quebec. Autrement dit, les municipalites de banlieue,
comparativement aux villes-centre, ont globalement tendance a miser sur
l'offre de conditions de vie socio-economiques plus favorables et a
prioriser moindrement certains aspects environnementaux. Nous
identifierons ces derniers un peu plus loin lorsqu'on discutera de
la contribution des indicateurs individuels aux scores E et SE. Deuxieme
constat, les villes regionales VR presentent des scores generalement
faibles et/ou negatifs en E et SE. Les seules municipalites avec un
score positive sont Sherbrooke, Victoriaville, Rimouski, Saint-Hyacinthe
et Rouyn-Noranda en E et Saint-Hyacinthe, Drummondville et Granby en SE.
Grace a un score E tres eleve, Victoriaville et Sherbrooke dominent le
classement global RG.
Ainsi, l'asymetrie entre les branches socio-economique et
environnementale est moins prononcee chez les villes regionales
comparativement aux municipalites de Montreal et Quebec et de leurs
environs. Toutefois, tant au niveau des conditions favorisant
l'implantation des menages qu'en matiere d'impacts
environnementaux, d'importants efforts devraient etre consentis.
Pour Montreal et Quebec, les priorites devraient s'articuler autour
des conditions socio-economiques, tandis que pour les municipalites de
banlieue etudiees, elles doivent surtout porter sur les aspects
environnementaux dans une vraie perspective de developpement durable.
Bien que tres generaux, ces dispositions peuvent jouer un role
important dans les processus de decision au niveau des municipalites
dans un contexte impliquant plusieurs acteurs (decideurs, praticiens,
citoyens, groupes de citoyens, etc.). Aussi, a une echelle decisionnelle
superieure, par exemple au niveau de la Communaute metropolitaine de
Montreal, elles peuvent minimalement servir de criteres dans le cadre de
strategies ou de programmes de financement de projets en developpement
durable.
4.4. Contribution des indicateurs aux scores E et SE
Les scores E et SE sont influences par les mesures des indicateurs
individuels. Dans cette section, les indicateurs individuels de chaque
municipalite sont representes a l'aide des diagrammes en radar ou
en toile d'araignee afin que soit analysee leur contribution aux
scores E et SE respectivement.
4.4.1. Le cas de Montreal et Quebec
Etant donne que Montreal et Quebec sont les centres des deux
principales regions metropolitaines du Quebec, elles se distinguent des
autres municipalites, notamment en termes d'infrastructures et de
services. Elles constituent egalement le principal bassin d'emplois
des municipalites limitrophes et concentrent les principales activites
economiques tertiaires et specialisees de la province. Ainsi, concernant
quelques enjeux de developpement durable, elles sont directement
associees au contexte metropolitain et ne peuvent etre formellement
comparees aux autres municipalites (8).
D'une part, la region metropolitaine de Montreal et, a un
niveau moindre, celle Quebec se distinguent notamment par
l'existence d'importantes infrastructures de transports en
commun. Ceci fait en sorte qu'un pourcentage plus eleve de la
population est susceptible d'utiliser l'autobus, le metro ou
le train de banlieue--dans lecas de Montreal--au detriment de
l'automobile pour se rendre au travail. Les taux de possession
d'automobile par habitant seraient donc les plus faibles a Montreal
et a Quebec. D'autre part, les densites demographiques y sont parmi
les plus elevees, etant donne que les constructions s'y font
souvent en hauteur et que les projets multi-residentiels y sont
relativement populaires. Ce sont d'ailleurs au niveau de la densite
urbaine (IE6) et des enjeux de mobilite (IE9 et IE10) que Montreal et
Quebec ont recu les scores les plus eleves.
[FIGURE 2 OMITTED]
4.4.2. Les municipalites de banlieues
La figure 3 represente les diagrammes en radar des scores E et SE
des municipalites de banlieue. Globalement, pour ce qui est de la
branche environnementale, les 11 municipalites de cette categorie ont
tendance a compenser de mauvaises performances par des performances plus
solides pour quelques indicateurs. Les municipalites de Longueuil et
Brossard doivent surtout leur bon classement a une meilleure utilisation
du transport en commun (IE9 eleve) et a un plus faible taux de
possession d'automobile que leurs pairs (IE10 eleve). Classee
troisieme sur l'ensemble des municipalites, Levis compense de
mauvaise performance en termes d'utilisation du transport en commun
(IE9 faible) et une faible densite de population (IE6 faible) par une
tres bonne gestion des matieres residuelles (IES, IE8 et IE7 eleves).
Les profils des 11 municipalites sont sensiblement similaires quant a la
qualite de l'air et a la consommation residentielle d'eau
(valeurs plus faibles respectivement pour IE1 et IE2).
Dans l'ensemble, leurs indicateurs socio-economiques sont
relativement plus eleves et plus constants que leurs indicateurs
environnementaux. Les 11 municipalites de banlieue semblent partager
certaines tendances, notamment en ce qui a trait a l'education
(ISE1), au taux d'activite et de chomage (ISE2 et ISE3), a la
participation a la vie democratique municipale (ISE4), a l'etat de
sante (ISE8) et meme en matiere de securite (ISE9) oU les notes obtenues
sont relativement solides a quelques exceptions pres. C'est
notamment le cas de Saint-Jean-sur-Richelieu avec des notes opposees
(i.e. ISE2, ISE3 et ISE10 tres faibles, ISE4, ISE5, ISE9 tres eleves).
Levis reussi a se distinguer avec une population sensiblement plus
eduquee, nantie et active, et un faible taux de chomage (i.e. ISE1,
ISE2, ISE3, ISE5 plus eleves que ses pairs); Dollard-des-Ormeaux avec
une population
egalement plus eduquee (ISE1 plus eleve), plus active a la vie
democratique de la municipalite (ISE4 plus eleve) et un environnement
plus securitaire (ISE9 plus eleve); Blainville, avec un taux de chomage
plus faible (ISE3 eleve), moins de menages allouant une part importante
de leur budget au logement (ISE5 eleve) et une population mieux nantie
(ISE6 eleve). D'autre part, l'etat de sante declare de la
population (ISE8) semble etre problematique sauf pour Longueuil et
Brossard qui obtiennent une note relativement plus elevee que leurs
pairs.
Pour synthetiser, un bon (ou un mauvais) score E ou SE est parfois
le resultat d'une note tres elevee (ou tres basse) dans quelques
indicateurs individuels dans le cas des municipalites de banlieue. Dans
la branche environnementale, elles ne devraient passe limiter aux seules
preoccupations sur la gestion des matieres residuelles. Le transport
collectif devrait notamment figurer parmi les priorites. Pour les
citoyens et les autres parties prenantes, cela consisterait a modifier
progressivement les habitudes de deplacement. Pour les autorites
locales, cela devra se traduire par des negociations plus actives pour
une meilleure desserte et des infrastructures de transport collectif
plus efficaces. Sur le plan socio-economique, l'offre de conditions
favorables a l'implantation des menages devrait etre maintenue. Des
mesures supplementaires impliquant autant les autorites locales que les
differentes parties prenantes permettront notamment d'ameliorer la
perception des citoyens de leur etat de sante (IE8) et de reduire
l'ecart entre les plus riches et les plus pauvres (IE7).
4.4.3. Les villes regionales
La figure 4 presente les diagrammes en radar des municipalites VR.
Dans l'ensemble, les memes tendances que chez les municipalites de
banlieue apparaissent en matiere environnemental. Les mauvais scores E
sont surtout influences par une consommation d'eau relativement
importante (IE2 [approximately equal to] 0 sauf pour Drummondville et
Sherbrooke), une faible densite d'habitation (IE6 [less than or
equal to] 0 sauf pour St-Hyacinthe), un nombre restreint d'usagers
des transports en commun utilises pour se rendre au travail (IE9 [less
than or equal to] 0) et un taux de possession d'automobile par
habitant relativement eleve (IE10 [less than or equal to] 0 sauf pour
St-Hyacinthe). Dans certains cas, ces mauvaises performances sont
masquees par des performances tres solides dans quelques indicateurs.
C'est ainsi que Sherbrooke (3eme), Victoriaville (5eme),
Rouyn-Noranda (7eme) se classent parmi les 10 premieres municipalites du
classement global en E grice a une bonne gestion des matieres
residuelles (IE5, IE7 et/ou IE8 eleve). Tandis que Rimouski (9eme)
obtient une tres bonne note pour son taux de recuperation relativement
eleve (IE7) et une meilleure qualite de ses cours d'eau (IE4), et
ce, malgre des performances moins convaincantes dans les autres
indicateurs.
Cette categorie de municipalite a globalement recu une bonne note
au niveau socio-economique. La contribution des indicateurs
socio-economiques a SE est notamment similaire pour la majorite de ces
municipalites a quelques exceptions pres. Autrement dit, elles partagent
aussi un profil socio-economique analogue notamment ence qui concerne
l'emploi (taux d'activite et de chomage), l'ecart entre
les plus riches et les plus pauvres et retat de sante declaree de la
population (ISE2, ISE3, ISE7 et ISE8 relativement faibles sauf pour
St-Hyacinthe, Victoriaville et Rimouski). Pour les autres indicateurs,
les 12 municipalites de cette categorie se partagent entre celles qui
obtiennent de bonnes et de mauvaises notes en matiere de criminalite
(ISE9 elevee, donc taux de criminalite faible, pour Sherbrooke,
Saguenay, Trois-Rivieres et St-Hyacinthe et faible, donc taux de
criminalite plus eleve, pour les autres municipalites), de revenu des
menages (ISE6 faible pour Rouyn-Noranda, Victoriaville, Saint-Jerome, et
Shawinigan et elevee pour les autres municipalites) et de participation
a la vie democratique de la municipalite (ISE4 elevees pour Sherbrooke,
Saguenay, Trois-Rivieres et Drummondville).
En resume, les bons scores E ou SE obtenus par les 12 municipalites
de cette categorie sont essentiellement influences par des performances
tres solides dans l'un ou l'autre des indicateurs individuels.
Ainsi, en plus d'une asymetrie entre les branches E et SE, un bon
score en E serait par exemple attribuable a une bonne gestion des
matieres residuelles pour Victoriaville et Sherbrooke, tandis que pour
Rimouski et St-Hyacinthe, li releve respectivement d'une meilleure
qualite des cours d'eau et d'un developpement favorisant la
densite urbaine. Ces questions de compensation entre les indicateurs
individuels se retrouvent autant dans la branche environnementale que
dans la branche socio-economique de la grille. Elles peuvent
effectivement reduire la valeur analytique des scores E et SE.
Toutefois, elles indiquent avec plus de transparence les domaines ofi
les municipalites sont plus entreprenants et ceux oh des mesures
supplementaires pourraient etre entreprises dans une reelle perspective
de developpement durable.
5. Conclusion
En agregeant les indicateurs pour constituer les branches
environnementale et socio-economique, nous avons voulu creer une grille
d'indicateurs qui considere les deux principales perceptions ou
definitions des aspects associees au developpement durable au niveau
municipal. Le premier reflete le scenario selon lequel le developpement
durable serait limite aux seuls enjeux environnementaux, tandis que le
deuxieme mettait l'accent sur les preoccupations socio-economiques
dans une perspective de developpement durable. Nous avons alors ete en
mesure d'observer que les preoccupations en matiere de
developpement durable et l'interpreation qui en est fait varient
d'une categorie de municipalites a une autre, voire meme d'une
municipalite a une autre. Or, nous croyons qu'il y a necessite
d'integrer les dimensions environnementales et socio-economiques
mais aussi de s'assurer que ces dimensions puissent etre prises en
consideration selon des criteres specifiques minimaux. Un tel exercice
permettrait d'uniformiser la comprehension du developpement
durable, devenu trop souvent un leitmotiv politique utilise a toutes les
sauces.
[FIGURE 3 OMITTED]
[FIGURE 4 OMITTED]
Par ailleurs, la methode d'agregation lineaire est
suffisamment robuste pour l'analyse effectuee malgre les biais
qu'elle souleve. Nous avons montre que meme en neutralisant
l'influence des valeurs extremes en utilisant la methode de
classement de Borda, et en effectuant un classement strictement conforme
au rang de chaque indicateur individuel, les resultats demeurent tres
similaires, a quelques exceptions pres. Par exemple, lorsqu'on
passe d'un classement base sur les scores a un classement base sur
les rangs de chaque indicateur individuel (methode de classement de
Borda), Montreal passe du 1er rang au 5eme rang pour ce qui est de la
branche environnementale. Neanmoins, les 10 premieres municipalites se
maintiennent a la tete du classement.
Nous avons utilise le classement des municipalites ou le
benchmarking comme moyen de comparaison pour faire surtout ressortir
deux elements. D'une part, il existe une asymetrie entre les
branches environnementale et socio-economique alors que, dans une vraie
perspective de developpement durable, elles devraient etre prises en
consideration avec un meme egard et ainsi afficher de bons scores
chacune. Plus interessant encore, meme les plus durables d'entre
elles compensent generalement un score moins eleve dans l'une ou
l'autre des branches E ou SE par un tres bon score dans la branche
complementaire. D'autre part, on a pu observer que, globalement,
les municipalites de banlieue ont tendance a presenter un bon score SE
et un score plus modeste au niveau environnemental, tandis que les
villes regionales affichent des scores relativement faibles dans
l'une ou l'autre des deux branches.
A l'aide de diagrammes en radar, nous avons par la suite
identifie les facteurs qui ont les plus contribues au classement des
municipalites pour chaque score E et SE. Ainsi, des municipalites comme
Levis et Victoriaville doivent leurs bonnes performances en matiere
environnementale a une gestion efficace des matieres residuelles. Il
n'en reste pas moins qu'elles doivent favoriser la
densification residentielle afin de reduire les effets negatifs
environnementaux et economiques resultant de la trilogie <<
auto-bungalow-banlieue >>.
La creation d'une plate-forme commune d'indicateurs en
matiere de developpement durable, et ce, malgre les contraintes
d'observation et de mesures, se presente donc comme un moyen
permettant de:
1) donner un signal aux administrations municipales afin que leurs
priorites generales puissent etre, selon les cas, reactualisees. Des
municipalites ayant obtenus un score socio-economique considere comme
eleve devraient porter une attention particuliere aux indicateurs
environnementaux et prendre les mesures necessaires selon leurs points
faibles dans une vraie perspective de developpement
durable. L'inverse s'applique aux municipalites ayant
obtenu un score environnemental considere comme eleve, tout en
s'assurant que celui-ci n'est pas uniquement attribuable a une
performance exceptionnelle dans un sous-domaine en particulier;
2) d'informer le public au moyen d'indicateurs concis et
accessibles. Les citoyens des municipalites plus independantes doivent
par exemple reduire leur consommation d'eau, tandis qu'en
banlieue ils doivent modifier progressivement leurs habitudes de
deplacement tout en revendiquant plus activement une meilleure desserte
en transport collectif. La consommation d'eau, le recyclage, le
compostage domestique, l'etat de sante declare, les modes de
transport, la participation aux elections sont autant d'indicateurs
permettant de conscientiser et de responsabiliser les citoyens afin
qu'ils puissent apporter leur part de contribution dans un objectif
de developpement local durable;
3) et d'appuyer des objectifs regionaux, par un diagnostic du
developpement durable a une echelle locale. Malgre l'importante
diversite des municipalites et de leurs besoins respectifs, un systeme
d'information utilisant un minimum d'indicateurs communs
pourrait appuyer des institutions comme la CMM et la CMQ dans la
definition d'une strategie operationnelle de developpement durable.
Si l'efficacite analytique des indicateurs communs de
developpement durable se restreint toutefois a ces trois aspects,
notamment a cause de la part de subjectivite introduite des la selection
des indicateurs jusqu'au choix de methode d'agregation, elle
demeure pertinente dans la mesure ui elle peut servir a la fois a un
usage interne (municipalite) et externe (citoyens et autres parties
prenantes). D'autant plus que le developpement durable par son
caractere multithematiques et interdisciplinaire exige un certain
compromis entre science et politique, theorie et pratique, decideurs et
citoyens, complexite et accessibilite.
La recherche sur la construction et la mise en oeuvre d'un
systeme d'indicateurs communs devra notamment se poursuivre vers
l'amelioration des precisions quant aux indicateurs a inclure et
leur mesure respective. Ceci permettra de reduire la part de
subjectivite de la grille d'IDD et d'en ameliorer
l'efficacite analytique. Par exemple, a ce stade-ci, il serait,
selon nous, preferable d'elargir la liste des indicateurs afin
d'inclure les indicateurs exclus a cause de donnees manquantes
seraient egalement a explorer. Aussi, nous reconnaissons les
possibilites d'explorer i) d'autres types d'indices
composites; ii) la sensibilite des classements aux choix de methodes
d'agregation et iii) des scenarios de ponderation variant selon la
categorie de municipalite. Enfin, nous jugeons pertinent d'allonger
la liste des municipalites afin de pouvoir conduire des analyses
statistiques plus elaborees et plus concluantes (e.g. ACP).
Remerciements
Nous remercions le CIRANO pour son support financier, de meme que
Sebastien Manseau et Catherine Marchand pour leur assistance de
recherche. Nous remercions aussi Paul Lanoie, Marie-Christine Therrien
ainsi que les deux reviseurs anonymes pour leurs precieux commentaires.
Les auteurs sont responsables pour les erreurs potentielles.
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Juste Rajaonson
Georges A. Tanguay
Departement d'etudes urbaines et touristiques
Universite du Quebec a Montreal
Notes
(1) Nous reconnaissons les limites imposees par une liste reduite
de municipalites. Par exemple, celle-ci ne nous permet pas, d'une
part, de faire des analyses statistiques plus approfondies, comme, par
exemple, l'analyse en composante principale (ACP) et la
classification ascendante hierarchique (CAH) meme si ces dernieres sont
tres utilisees dans le cadre d'analyses avec plusieurs indicateurs.
Aussi, la liste de municipalites choisies introduit un probleme relatif
a la comparabilite des municipalites et a la signification des
indicateurs en fonction du type de municipalite.
(2) Les dimensions : viable, vivable, equitable et durable sont aux
intersections des dimensions classiques du DD (Tanguay et al., 2009).
Notons que les municipalites controlent ces indicateurs a des niveaux
variables. Ainsi, les classements representent une evaluation de la
situation des municipalites qui peut etre due a leur gestion mais aussi
a des causes exterieures et independantes de leur volonte.
(3) Toutes les donnees utilisees pour le calcul des indicateurs
proviennent des sources les plus recentes disponibles pour les 25
municipalites, dont les annees de compilation sont toutefois anterieures
a 2007. Ainsi, a) pour les donnees sur les matieres residuelles,
l'inventaire est disponible pour 2009, mais concernant quelques
municipalites seulement; b) pour les donnees sur la consommation
d'eau, les donnees les plus recentes datent de 2006, c) pour les
donnees relatives au transport et les donnees socio-economiques, nous
avons utilise les donnees du recensement le plus recent (2006).
(4) Les donnees utilisees sur la qualite de l'air, la qualite
des cours d'eau et l'evaluation de l'etat de sante de la
population sont des donnees regionales.
(5) Le classement global (RG) reflete la moyenne des scores E et SE
et non la moyenne des rangs. Il est donc possible, par exemple,
qu'une municipalite comme Laval ayant obtenu des rangs respectifs
de 14 et 18 pour E et SE, sera classee 19eme dans le cadre du classement
global. Ceci est du au fait que la moyenne est calculee au niveau des
scores et non au niveau de la valeur des rangs.
(6) Le classement global selon la regle de Borda (RGB) n'est
pas une moyenne des classements environnemental et socio-economique. Il
depend plutot du pointage attribue au classement obtenu par chaque
municipalite pour chaque indicateur individuel considere dans le calcul.
Par exemple, Trois-Rivieres se retrouve au 25ieme rang dans le
classement RGB (pointages pour 20 indicateurs), alors qu'elle etait
respectivement 22ieme (pointage pour 10 indicateurs) et 23ieme (pointage
pour 10 autres indicateurs) selon E et SE.
(7) En ce sens, nous avons tente une analyse plus contextuelle des
deux regions metropolitaines de Montreal et Quebec a l'aide de nos
indicateurs environnementaux et socio-economiques. Cette analyse
n'a pas ete concluante, en raison du fait que les RMR sont
elles-memes tres heterogenes. Tout calcul d'une moyenne generale
visant a synthetiser les indicateurs des municipalites constitutives ne
faisait que diluer les scores individuels, les empechant d'etre
operationnels et de servir ultimement d'outils d'aide a la
decision.
Tableau 1. Les 25 municipalites les plus peuplees du Quebec en 2008
Cat. * Municipalites Population
VC Montreal 1659962
VC Quebec 502119
B Laval 376425
B Longueuil 234352
B Levis 132851
B Terrebonne 96795
B Repentigny 77744
B Brossard 72707
B Dollard-Des Ormeaux 49940
B Blainville 47504
B Saint-Eustache 42944
B Saint-Jean-sur-Richelieu 89388
B Chateauguay 43618
Cat. Municipalites Population
VR Gatineau 247526
VR Saguenay 146641
VR Trois-Rivieres 128941
VR Sherbrooke 150751
VR Drummondville 68841
VR Saint-Jerome 65048
VR Granby 60617
VR Shawinigan 52865
VR Saint-Hyacinthe 52713
VR Rimouski 43097
VR Victoriaville 41316
VR Rouyn-Noranda 40748
* VC: Ville-centre; B: Municipalite de banlieue et VR: Ville regional
Tableau 2. Description et sources des 20 indicateurs
Indicateur Description
1. Revenu median des Revenu median en dollars canadien
menages de 2005 de la population active de
15 ans et plus
2. Ratio entre la population Ratio entre la population ayant
un revenu de plus de 60 000$ et
avec revenus eleves versus la population ayant un revenu de
faibles revenus moins de 20 000$
3. Menages depensant 30% Pourcentage des menages depensant
ou plus des revenus pour 30% ou plus de lent revenu pour le
le logement logement
4. Niveau d'education de Pourcentage de la population de 25
la population de 18 ans a 64 ans ayant au moins un diplome
et plus d'etudes secondaires
Pourcentage de la population de 12
5. Nat de sante declare de ans et plus declarant se sentir en
la population << excellente sante >> durant la
periode 2005-2006
6. Taux de ch6mage Taux de chomage en pourcentage de
la population active de 15 ans et plus
selon le recensement de 2006
7. Taux d'activite Taux d'activite en pourcentage de la
pour tousles d'activites population totale de 15 ans selon le
secteurs recensement de 2006
8. Taux de participation Tauxdeparticipation enpourcentage,
aux elections municipales de la population de 18 ans et plus,
aux elections municipales de 2005:
donnees du suffrage universel pour
felection du maire
9. Taux de criminalite Nombre total d'infractions au Code
criminel en 2006 pour 100 000
habitants
10. Densite de la population Ratio entre la population totale
urbaine et la superficie du territoire de la
municipalite en 2005
11. Consommation residen- Consommation moyenne d'eau par
tielle d'eau habitant en 2006
12. Superficie desespaces pourcentage des espaces naturels par
naturels de conservation rapport a la superficie totale de la
municipalite en 2006
13. Qualite des cours d'eau Pourcentage des cours d'eau ayant
une qualite jugee << excellente >> en
2004
14. Qualite de Pair Pourcentage du nombre de jour ou
la valeur de (Indice de la qualite de
fair a ete << mauvaise >> en 2007
15. Possession Nombre d'autos et de camions
d'automobile(s) par legers de moins de cinq places par
habitant habitant en 2008
16. Utilisation du transport Pourcentage de la population active
en commun (TC) de 15 ans et plus se deplacant pour
le travail qui utilise le transport en
commun, selon le recensement de
2006
17. pourcentage de dechets En pourcentage des residus
residentiels detournes par domestiques, totaux en 2006
le recyclage
18. pourcentage des dechets En pourcentage des residus
residentiels detournes par domestiques, totaux en 2006
le compostage
19. Quantite de dechets Quantite totale des residus
residentiels domestiques en kg/habitant/an en
2006
20. Montant depense par la Montant en $ per capita depense par
municipalite pour 1'aide la municipalite en 2008 pour l'aide
sociale, la vie commu- sociale, la vie communautaire, le
nautaire, le sport, les sport, les loisirs et la culture (poste
loisirs et la culture budgetaire : sante et bien-etre, loisir
et culture)
Indicateur Source de donnees
1. Revenu median des Statistiques Canada,
menages 2009
2. Ratio entre la population Statistiques Canada,
2009
avec revenus eleves versus
faibles revenus
3. Menages depensant 30% Statistiques Canada,
ou plus des revenus pour 2009
le logement
4. Niveau d'education de Statistiques Canada,
la population de 18 ans 2009
et plus
Institut de la statistique
5. Nat de sante declare de du Quebec, 2009.
la population
6. Taux de ch6mage Statistiques Canada,
2009
7. Taux d'activite Statistiques Canada,
pour tousles d'activites 2009
secteurs
8. Taux de participation Statistiques Canada,
aux elections municipales ibid.
9. Taux de criminalite Programme de decla-
ration uniforme de la
criminalite, 2007.
10. Densite de la population Statistiques Canada,
urbaine 2009
11. Consommation residen- EEP, 2006.
tielle d'eau
12. Superficie desespaces Senecal, G. (dir.) 2007.
naturels de conservation
13. Qualite des cours d'eau Hebert, S. et M.
Ouellet, 2005.
14. Qualite de Pair MDDEP 2007.
15. Possession SAAQ, 2008.
d'automobile(s) par
habitant
16. Utilisation du transport Statistique Canada,
en commun (TC) 2009
17. pourcentage de dechets Recyc-Quebec
residentiels detournes par
le recyclage
18. pourcentage des dechets Recyc-Quebec
residentiels detournes par
le compostage
19. Quantite de dechets Recyc-Quebec
residentiels
20. Montant depense par la MAMROT 2009.
municipalite pour l'aide
sociale, la vie commu-
nautaire, le sport, les
loisirs et la culture
Tableau 3. Agregation des 20 indicateurs de DD
Branche Indicateurs
E IE1. Qualite de l'air
IE2. Consommation residentielle d'eau
IE3. Superficie des espaces naturels de
conservation
IE4. Qualite des cours d'eau
IE5. Quantite de dechets detournee par le
compostage
IE6. Densite de la population urbaine
IE7. Quantite de dechets detournee par le
recyclage
IE8. Quantite de dechets residentiels enfouie
IE9. Utilisation du transport en commun (TC)
IE10. Possession d'automobile(s) par habitant
SE ISE1. Population de 18 ans et plus ayant an moins
un diplome d'etudes secondaires
ISE2. Taux d'activite pour tons les secteurs
d'activites
ISE3. Taux de chomage
ISE4. Taux de participation aux elections
municipales
ISE5. Menages depensant 30% ou plus des revenus
pour le logement
ISE6. Revenu median des menages
ISET Ratio entre la population avec revenus eleves
versus faibles revenus
ISE8. Etat de sante declare de la population
ISE9. Taux de criminalite
ISE10. Montant depense par la municipalite pour
l'aide sociale, la vie communautaire, le
sport, les loisirs et la culture
Tableau 4. Scores et classement general des municipalites
Scores
Municipalites Population E SE IG
2008
Montreal 1659962 0,48 -0,53 -0,03
Quebec 502119 0,32 0,04 0,18
Laval 376425 -0,10 -0,19 -0,15
Gatineau 247526 0,46 -0,18 0,14
Longueuil 234352 0,18 -0,21 -0,02
Sherbrooke 150751 0,44 -0,4 0,20
Saguenay 146641 -0,07 -0,22 -0,15
Levis 132851 0,12 0,51 0,31
Trois-Rivieres 128941 -0,26 -0,40 -0,33
Terrebonne 96795 -0,16 0,52 0,18
St-Jean-sur-Richelieu 89388 -0,46 0,58 0,06
Repentigny 77744 -0,26 0,25 0,00
Brossard 72707 0,22 0,27 0,25
Drummondville 68841 -0,16 0,05 -0,5
Saint-Jerome 65048 -0,22 -0,56 -0,39
Granby 60617 -0,52 0,10 -0,21
Shawinigan 52865 -0,31 -0,64 -0,47
St-Hyacinthe 52713 0,07 0,03 0,05
Dollard-Des Ormeaux 49940 -0,13 0,83 0,35
Blainville 47504 -0,14 0,93 0,40
Chateauguay 43618 -0,2 -0,07 -0,05
Rimouski 43097 0,16 -0,18 -0,01
Saint-Eustache 42944 -0,33 -0,10 -0,21
Victoriaville 41316 0,31 -0,10 0,10
Rouyn-Noranda 40748 0,22 -0,68 -0,23
Rangs
Rang (6)
Municipalites E SE global
(RG)
Montreal 1 22 15
Quebec 4 10 6
Laval 14 18 19
Gatineau 2 16 8
Longueuil 8 19 14
Sherbrooke 3 12 5
Saguenay 13 20 18
Levis 10 5 3
Trois-Rivieres 21 21 23
Terrebonne 18 4 7
St-Jean-sur-Richelieu 24 3 10
Repentigny 20 7 12
Brossard 6 6 4
Drummondville 17 9 17
Saint-Jerome 19 23 24
Granby 25 8 20
Shawinigan 22 24 25
St-Hyacinthe 11 11 11
Dollard-Des Ormeaux 15 2 2
Blainville 16 1 1
Chateauguay 12 13 16
Rimouski 9 17 13
Saint-Eustache 23 14 21
Victoriaville 5 15 9
Rouyn-Noranda 7 25 22
Tableau 5. Comparaison entre les classements resultants de
l'agregation lineaire et de la methode de classement de Borda
Rang E Rang SE Rang global
Municipalites AL B AL B RG [RG.sub.B] (7)
Montreal 1 5 24 22 15 19
Quebec 4 2 8 10 6 2
Laval 14 9 20 18 19 16
Gatineau 2 1 13 16 8 6
Longueuil 8 6 19 19 14 12
Sherbrooke 3 3 11 12 5 8
Saguenay 13 19 10 20 18 15
Levis 10 7 5 5 3 4
Trois-Rivieres 21 22 23 21 23 25
Terrebonne 18 18 2 4 7 5
St-Jean-sur-Richelieu 24 23 4 3 10 10
Repentigny 20 16 6 7 12 9
Brossard 6 4 7 6 4 7
Drummondville 17 20 16 9 17 18
Saint-Jerome 19 17 22 23 24 22
Granby 25 25 9 8 20 21
Shawinigan 22 24 21 24 25 24
St-Hyacinthe 11 8 12 11 11 11
Dollard-Des Ormeaux 15 11 3 2 2 3
Blainville 16 14 1 1 1 1
Chateauguay 12 15 18 13 16 17
Rimouski 9 10 17 17 13 13
Saint-Eustache 23 21 14 14 21 20
Victoriaville 5 13 15 15 9 14
Rouyn-Noranda 7 12 25 25 22 23
Tableau 6. Coefficients de correlation pour E, SE et les indices
globaux des deux methodes d'agregation
[rho] de Spearman [tau] de Kendall Niveau de signification
E 0,89 0,73 0,05
SE 0,91 0,78 0,05
IG 0,95 0,81 0,05
Tableau 7. Scores E et SE et rangs selon les categories de
municiyalites
Rang
Categorie Municipalite global Score E Score SE
VC Quebec 1 0,32 0,04
Montreal 2 0,48 -0,53
VR Sherbrooke 1 0,44 -0,04
Gatineau 2 0,46 -0,18
Victoriaville 3 0,31 -0,10
Saint-Hyacinthe 4 0,07 0,03
Rimouski 5 0,16 -0,18
Drummondville 6 -0,16 0,05
Saguenay 7 -0,07 -0,22
Granby 8 -0,52 0,10
Rouyn-Noranda 9 0,22 -0,68
Trois-Rivieres 10 -0,26 -0,40
Saint-Jerome 11 -0,22 -0,56
Shawinigan 12 -0,31 -0,64
B Blainville 1 -0,14 0,93
Dollard-Des Ormeaux 2 -0,13 0,83
Levis 3 0,12 0,51
Brossard 4 0,22 0,27
Terrebonne 5 -0,16 0,52
Saint-Jean-sur-Richelieu 6 -0,46 0,58
Repentigny 7 -0,26 0,25
Longueuil 8 0,18 -0,21
Chateauguay 9 -0,02 -0,07
Laval 10 -0,10 -0,19
Saint-Eustache 11 -0,33 -0,10