摘要:Depuis le début des années 80, les recherches menées dans le domaine du langage écrit se sont portées dans un premier temps sur le rôle majeur que jouent les habiletés métaphonologiques dans l’acquisition de la lecture (Liberman et Shankweiler, 1985; Perfetti, Beck, Bell et Hugues,1987; Duncan, Seymour et Hill, 1997; Windfuhr et Snowling, 2001). Ces habiletés sont définies par Gombert et Fayol (1992) comme la capacité à manipuler de façon intentionnelle les unités phonologiques de la langue (syllabe, rime, phonème). Plus tardivement, de nombreuses recherches qui utilisent des techniques diverses telles que les mouvements oculaires (Hyönä, Laine et Niem, 1995), les potentiels évoqués (Barber, Dominguez et de Vega, 2002) et l’imagerie cérébrale (Beretta, Campbell, Carr, Huang, Schmitt, Christianson et Cao, 2003) ont montré que le lecteur expert effectuait une analyse morphologique des mots complexes qu’il lisait (Colé, Segui et Taft, 1997). Parallèlement, des chercheurs se sont intéressés au rôle de la morphologie dans l’acquisition de la lecture et ont pu montrer que les compétences en conscience morphologique participaient à cet apprentissage dès le début de la scolarité primaire (Casalis, Louis-Alexandre, 2000) et que leur contribution à la lecture de mots progressait du CE2 au CM2 alors que la contribution des connaissances phonologiques diminuait pendant cette période (Fowler et Liberman, 1995; Mahony, Singson et Mann, 2000; Carlisle, 2000 ; Burani, Marcolini et Stella, 2002). Or, on sait qu’à l’école primaire, la majorité des mots rencontrés par les enfants sont des mots complexes (Nagy et Anderson, 1984). Si l’on veut comprendre les interactions entre lecture et conscience morphologique, il est essentiel d’étudier à la fois de quelle manière l’enfant utilise ses connaissances ou ses compétences relatives à la structure morphologique des mots dans son apprentissage du langage écrit mais également comment la structure des mots écrits influence elle-même la reconnaissance et la lecture chez l’enfant normo-lecteur (NL) et chez l’enfant dyslexique (DL).