L’objectif principal de cette étude participative était d’évaluer la charge corporelle actuelle de mercure chez les adultes des Premières Nations.
L’Étude sur l’alimentation, la nutrition et l’environnement chez les Premières Nations (2008–2018) a permis de recueillir des données régionales représentatives auprès d’adultes des Premières Nations vivant dans des réserves au sud du 60eparallèle. Le mercure a été analysé dans les cheveux; il s’agit d’un biomarqueur de choix en cas d’exposition prolongée. Des échantillons de cheveux, soit une mèche de 5 mm coupée de la région occipitale, ont été recueillis auprès des participants qui ont donné leur consentement, et les concentrations totales de mercure ont été mesurées par spectrophotométrie de fluorescence atomique à vapeur froide.
Au total, 3 404 adultes des Premières Nations vivant dans 92 communautés ont fourni des échantillons de cheveux, ce qui représente 52,5 % des répondants aux enquêtes auprès des ménages. Les concentrations moyennes de mercure dans les cheveux étaient de 0,56 μg/g pour l’ensemble des participants et de 0,34 μg/g pour les femmes en âge de procréer. Il y a eu 64 dépassements des valeurs de biosurveillance du mercure recommandées par Santé Canada (44 femmes en âge de procréer, 8 femmes de 51 ans et plus, 3 hommes de 19 à 50 ans et 9 hommes de 51 ans et plus).
L’exposition actuelle au mercure ne présente plus un risque important pour la santé clinique de la plupart des populations des Premières Nations au sud du 60eparallèle au Canada. Toutefois, l’exposition au mercure demeure une préoccupation de santé publique environnementale qui doit faire l’objet d’une surveillance et d’une évaluation continues. Les femmes en âge de procréer (de 19 à 50 ans) et les personnes âgées vivant dans les écozones nordiques ou au Québec sont plus exposées au mercure, exposition qui dépasse souvent les valeurs recommandées par Santé Canada. Des programmes de communication et de gestion des risques rigoureux doivent être axés sur les écozones nordiques et le Québec.